En cette matinée ou Janvier et Février se confondait, l’air était frais à Los Angeles, malgré les privilèges de la position géographique caractéristique de la cité des Anges. Le ciel, dégagé laissait entrevoir un soleil généreux qui pointait le bout de son nez entre les palmiers.
Equipé de son café fraichement moulu duquel émanait un parfum envoutant qui éveillait les sens de cet amateur de boissons chaudes, nuances subtiles de noisette, et pour ce jour de cacao poudré… What Else…
Damien parcourait les rues de la ville qui commençait à s’animer doucement. Un peu plus agitée que les heures précédentes où il avait fait son footing matinal le long de cette même avenue, la ville voyait ses autres habitants, qui comme lui se rendaient au travail.
Une palette olfactive qui participait à son rituel matinal, il franchit les portes de la WGF. Saluant le vieil ami qu’était le technicien de surface qui manipulait avec soin son autolaveuse pour faire briller le carrelage et gratifiant les vigiles d’un sourire, il s’engouffra dans l’ascenseur au moment ou les portes allaient se refermer de justesse. D’un simple bonjour il sembla qu’il distilla une bouffée de bonne humeur autour des quatre personnes déjà à bord, sur le visage desquels la bougonnie du lundi matin s’effaça, laissant place à de légers sourires de bonne humeur.
Quelques instants plus tard il entrait dans l’open space où se trouvait son bureau. Comme souvent, il était le premier.

L’ambiance du bureau était calme et feutrée et le silence matinal un peu pesant. Prenant place à son bureau, il posa son café, à coté de sa souris, brancha ses écouteurs et lança une musique douce à un niveau sonore très bas pour continuer à entendre ce qui se passait autour de lui tout en se plongeant dans une atmosphère des plus zen. La lueur de son ordinateur éclairait progressivement son visage et son espace de travail

Peu à peu l’ambiance commença à changer. Les premiers employés commençaient à leur tour à arriver. Le silence laissait doucement place à un bourdonnement croissant. Les premières conversations commençaient à résonner dans l’air. Démarrant ses tâches matinales, Damien commença à se concentrer sur les nouvelles économiques mondiales et des rapports de marché. Examinant avec attention les données et tendances du marché, son esprit méthodique cherchait les opportunités favorables à la WGF.

Cela faisait à présent quelques heures qu’il était à son poste, et la matinée était bien avancée qu’il reçu un appel sur sa ligne directe. Sans masquer sa surprise à l’écoute de la messagère, qui n’était autre que l’assistance privée du PDG… comment s’appelait-elle déjà ? Lydia, Linda, Lina… Boarf, de toute façon il ne fréquentait que si peu, pour ne pas dire jamais cette zone des bureaux qu’il n’en avait que peu d’idée. Que pouvait-il bien avoir fait pour se retrouver convoqué dans le bureau du patron.
Inquisiteur, il roula en arrière sur sa chaise à roulette, juste assez pour avoir un aperçu du bureau de son supérieur, en se demandant si ce dernier laisserait paraitre un indice. Mais rien ne vint de ce côté-là. La porte ne s’entre bailla même pas. Haussant les épaules, Damien se résolu, se leva, et par précaution s’empara d’un calepin et d’un stylo. Après tout il n’avait pas la moindre idée de ce qu’on allait bien lui demander.
Sortant de l’open space, il parcouru le couloir qui le menait au bureau du PDG, longeant les différents bureaux qui composaient les services du dernier étage de la WGF pour enfin arriver devant celui de l’assistante personnelle qui l’avait appelée un instant plus tôt.
Damien Asher, se présenta-t-il, sachant en son fort intérieur sans certitude pourquoi, ce n’était pas nécessaire.
La jeune femme l’accueilli d’un sourire et l’annonça a son patron via un petit interphone posé sur le bureau puis se leva pour le précéder à la porte de Liam Rowell. Laissant place à Damien au moment où elle se faisait remercier par le PDG, le déchu vit le patron lui-même se lever pour l’inviter à entrer puis à s’assoir.
De plus en plus curieux, il s’exécuta, non qu’il fût inquiet. L’homme en face de lui avait tout d’un être irréprochablement généreux et bienfaiteur. Attentif aux explications et à la proposition qu’il lui faisait. Si tant était qu’il s’agisse bien d’une proposition, car Damien, en écoutant les données qui lui étaient exposées se disait qu’il serait très certainement compliqué de refuser une offre venant du grand patron. Cependant, lorsque le sujet vint sur les responsabilités et les primes, le discours du PDG ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd.
Merci Monsieur Rowell. Je suis honoré et reconnaissant de cette opportunité. Je suis prêt à relever ce défi et à travailler pour participer au mieux au succès de cette mission et j’en suis très enthousiaste.
Damien avait prononcé ces paroles avec un calme apparent, mais en réalité il flottait sur un petit nuage, ressentant une combinaison d'excitation et de fierté, prête à aborder cette nouvelle mission avec détermination et enthousiasme

Posant délicatement les doigts sur le dossier sur le bureau, Damien le fit glisser jusqu’à lui pour prendre connaissance de son contenu. Tout en le feuilletant, il écoutait les explications du Président, motivé à l’idée de relever un nouveau challenge qui de plus sentait déjà bon l’augmentation. Nul besoin de préciser que l’appât du gain faisait souvent partie des choses qui poussaient le déchu à donner de sa personne. Il avait déjà hâte de plonger dans les détails.

Très bien Monsieur. Je vais commencer à examiner leurs performances financières préliminaires.

Sans compter les risques associés à cette entreprise. Il lui faudrait s’assurer de bien comprendre leur situation financière, leur position sur le marché et les défis auxquels ils pourraient être confrontés.

Si vous n’y voyez pas d’inconvénients je souhaiterais prévoir de rencontrer leur comptable principal pour obtenir des informations supplémentaires et clarifier certains points à propos de la gestion de leurs fonds. Ce sera l’occasion d’établir une relation solide avec eux. Je vous tiendrai également régulièrement informé de l'avancement du dossier et je vous consulterai si des décisions importantes doivent être prises.

Damien était conscient que les relations personnelles avec les clients étaient cruciales dans ce domaine. Il lui faudrait cultiver une bonne relation avec eux tout en restant professionnel.

Un sourire en coin vint étirer ses lèvres. Damien était de nature à s’amuser dès que l’occasion se présentait. Et l’argument était parfait pour ajouter aux réunions avec les clients déjeuner d’entreprises et autres sorties. Surtout si, comme l’avait précisé le patron, il était seul sur le dossier.

Qui sera mon interlocuteur à Grant Industries ?

Damien se rendait bien compte que ce contrat ne serait pas de la trempe de ceux qu’il avait l’habitude de traiter. Rien de mieux qu’un défi de la sorte pour le motiver.
Il inspira profondément, se laissant imprégner de la réflexion, des conseils et des mots de son supérieur.

Il lui faudrait faire preuve de subtilité et d’intelligence. Deux qualités dont le déchu ne manquait pas quand il s’appliquait.

Répondant à la dernière question en prenant appui sur la proposition du PDG il répondit

Aucune question particulière pour l’instant, je vais prendre le temps de lire le dossier. Cependant une rencontre en votre présence ne serait pas forcément une mauvaise chose. Il est parfois bon pour un client d’avoir un élément de confiance dans le cadre d’une introduction de ce genre. Surtout quand le dossier est aussi personnel. De ce que vous me dites Monsieur Grant semble être quelqu’un qui ne prends pas ses affaires à la légère. Il vaudrait à mon sens l’introduire avec délicatesse à sa nouvelle finalité.

Son esprit cependant n’avait pas lâché la déclaration du chef lorsque ce dernier avait mentionné une prime mensuelle. Se saisissant du dossier, il eut une fraction de seconde de réflexion, cherchant une manière subtile d’aborder le sujet, et finalement envoya au diable toute convention.

Qu’en est-il Monsieur de la compensation financière prévue pour le traitement du nouveau dossier ?

Il n’allait pas sans dire que Damien n’était pas homme, ou dirons-nous déchu, à cracher sur de l’argent. Là où sa nature angélique lui aurait valu plus de retenue quant à l’avarice, sa perte lui avait ouvert les portes vers certains péchés contre lesquels il ne cherchait pas à lutter.

La négociation n’était pas un domaine dans lequel excellait Damien, et il le savait. Si sa gourmandise n’avait pas forcément de limite lorsqu’il s’agissait d’argent, il savait quand il devait s’arrêter pour ne pas pour autant détériorer la discussion. Aussi garda-t-il le silence un moment, faisant mine de réfléchir et de se lancer dans quelques calculs mentaux afin de garantir l’impression qu’il prenait l’offre très au sérieux, bien que sa décision de l’accepter fut déjà prise.

Un sourire entendu vint ensuite lui étirer le coin des lèvres et il tendit la main à son patron.

Votre proposition me semble plus que raisonnable.


Mais pour autant il ne perdit pas de vue que l’offre pouvait éventuellement prendre de la valeur a moyen ou long terme. Cependant quelque chose lui soufflait que le PDG ne laisserait pas beaucoup de place à la négociation. Après tout, l’augmentation était, il fallait le reconnaitre assez significative, et force était de constater qu’on ne se foutait pas de lui.


Commençons de cette façon. Peut-être que d’ici quelques mois, si vous êtes satisfait de mes prouesses nous pourrons envisager d’en rediscuter.


Présentée ainsi, il ne douta pas que l’exposition de la suggestion ne vienne comme un abus de la générosité du boss. L’accord semblait scellé sans ambiguïté