Il faisait beau, les oiseaux chantaient et le soleil brillait. J’étais contente que Azraël m’ait accordé ma journée. Ca tombait merveilleusement bien. Du coup ce matin en me levant, j’ai pris la décision de rendre visite à Sytry à son boulot. J’avais des nouvelles à partager avec lui et aussi un petit cadeau. Je m’étais donc douchée et épilée, histoire de me sentir à mon avantage. Autant que je pouvais l’être face au premier Lieutenant de Lucifer. Je tenais à donner une image différente de l’autre fois ou je m’étais pointée devant sa porte. C’était le printemps, l’air se réchauffait petit à petit. J’avais donc opté pour un short noir en tissu avec une chemise blanche. Je n’étais pas frileuse et vu la chaleur qu’il faisait déjà à cette heure de la journée, je n’allais pas craindre les regards des autres. Le tout avec des bottes noires et une couette haute, j’avais parfaitement l’air d’une jeune fille bien habillée sans être vulgaire. Parfait. J’attrapais un sac en papier noir brillant, contenant des draps en soie noire qui m’avaient couté une petite fortune. Je le devais bien à Sytry, puisque je lui avais bousillé les siens. Contrairement à ce qu’il pensait, j’étais peut-être une étudiante sous couverture, j’avais eu le temps d’amasser assez d’argent pour lui en payer plus d’une de paire de draps. L’appartement petit n’était qu’une manière de conforter les gens de l’idée qu’ils avaient de moi. C'est-à-dire, une jeune femme étudiante qui ne roulait pas sur l’or.

Un sourire aux lèvres, je prenais un plaisir à utiliser le pouvoir que Sytry m’avait donné lors de notre rencontre. J’en avais encore des frissons tellement ça avait été exquis, au-delà de toutes les sensations que j’avais déjà éprouvées. Il n’y avait pas de mots assez forts pour décrire ce que j’avais ressentis à ce moment-là. Je me téléportais dans son bureau et atterrissais dans une pièce sobre et grande. Il n’y avait pas encore le grand manitou, alors d’un sourire espiègle je parcourais la pièce du regard avant d’aller m’asseoir sur son siège. Je préférais utiliser cette méthode plutôt que de risquer de tomber sur Riley. Je n’étais pas censée connaitre Sytry ou Monsieur Rowell comme les gens normaux le connaissaient et je n’avais pas spécialement envie de la croiser et de devoir m’expliquer.

Quand la porte s’ouvrir, je vérifiais qu’il n’y avait personne qui l’accompagnait et je me retournais, un sourire enjôleur aux lèvres, me doutant que mon irruption ne devait pas le rendre fou de joie.

-Bonjour, M. Rowell, fis-je d’une voix sensuelle.

Je venais de sortir d'une réunion interminable avec une bande d'incapables d'humains,pas fichus de réaliser les simples petites choses qui leur avaient été demandées et retournais en direction de mon bureau pour m'éloigner de tout ces insectes qui m'avaient suffisamment tapé sur les nerfs pour aujourd'hui. S'il avais s'agit de mes démons, ils auraient eu une bonne correction. Mais chez les humains, torturer quelqu'un parce qu'il n'avais pas fait correctement son job, c'était plutôt mal vu... Tant pis, j'avais une fois de plus pris sur moi, comme toutes mes journées passés ici à côtoyer des individus que j'aurais eu plaisir à égorger en temps normal. J'ouvrais finalement la porte, satisfait de m'être débarrassé de ces plaies pour l'instant quand je réalisait que je n'était pas seul. Lexa ! J'avais tout de suite reconnu son aura et si la voir se trémousser sur mon fauteuil m'agaçais déjà, je réagis au quart de tour, pour tout autre chose.

- Quelle idée de venir ici ! Crachais-je, tout de fois calme pour ne pas alerter qui que se soit.

- Si cette idiote te vois, ta couverture est fichue ! Ajoutais-je en désignant les vitres qui donnaient sur le couloir. Je m'en approchait et baissait les stores sur les trois premières, cachant à vue mon bureau et fermais la porte derrière moi.

- Si tu veux me faire une surprise, la prochaine fois, fait le chez moi ! Ce sera plus intelligent ! Grognais-je maintenant que la porte était fermée. Je gardait le ton assez bas pour ne rien risquer et faisait un sourire, carnassier pour maintenir les apparences alors que j'allais vers mon bureau. Là au moins on ne nous verrais plus c'était déjà ça.

- Et si tu bougeais ? Lançais-je en faisant tourner le fauteuil, avec elle dedans, face à moi. Je devais bien avouer que sa visite m'agaçais, non pas que la voir m'étais désagréable, bien au contraire; mais la voir ici, c'était tout de suite moins marrant. D'un parce que Riley travaillait à un étage de distance et montait souvent à celui-ci pour des choses ou autre et de deux, parce que je ne pouvais pas me comporter normalement. Que ce soit pour le remettre en place ou jouer à notre jeux à nous et ça... ça m'énervais considérablement, car comme je le lui avais dit, j'aimais dicter les règles et celle-ci, elle l'avais improvisée seule.

- J'ose espérer que tu as une bonne raison pour être venue ! Dis-je alors que je prenais place dans mon fauteuil après l'avoir cordialement invitée à en sortir.

Je m’attendais à ce que ma visite au travail l’énerve. Je n’étais donc pas étonnée de l’entendre râler. J’étais tout à fait consciente que Riley était dans le coin. J’avais pris mes précautions avant de venir. C’était d’ailleurs pour ça que je n’avais pas utilisé les moyens normaux pour venir son bureau. Et si quelqu’un apparaissait je m’éclipserais. En tout cas, intérieurement, ça m’amusait de le voir cracher son venin à voix basse pour éviter d’attirer l’attention. Mais je faisais bien attention à ne rien montrer. Il serait capable de me tuer en moins de temps qu’il ne fallait le dire.

-Je sais bien, c’est pour ça que j’ai fait attention à ce que personne ne me voit, répliquais-je sans bouger du siège délicieusement confortable.

Mettre Sytry en colère n’était peut-être pas une très bonne idée. Mais c’était tellement marrant. J’aimais bien le tester. J’avais beau le voir différemment, avec plus de respect que j’avais déjà, je ne pouvais pas contrôler mon esprit contradictoire, surtout qu’il ne pouvait pas me faire grand-chose à cet instant précis. C’était vicieux et ça risquait de me couter cher plus tard. Je m’en moquais quand même, parce que j’aimais bien discuter avec Sytry.

-Plus intelligent, mais tellement moins marrant ! Dis-je d’un ton tout aussi bas que lui.

Et encore, je n’étais pas sure que ça soit plus intelligent. Chez lui, j’étais sur son domaine et totalement à sa merci. Il pouvait faire de moi ce qu’il voulait. Pas spécialement parce qu’il me rendait dingue, mais plus qu’il était mon supérieur hiérarchique. Nos relations ne seront jamais égales, alors je préférais un lieu neutre.

-Dommage, il est sacrément confortable, fis-je d’un ton taquin alors que je levais à contre-cœur de son siège.

Je jetais un œil vers les fenêtres de son bureau qui donnaient sur le couloir. Rien à l’horizon. J’aurais pensé qu’un démon comme lui prendrait les précautions nécessaires pour que personne ne voit ce qui se passe à l’intérieur de son bureau.

-Ca ne serait pas plus judicieux d’empêcher les gens de voir à l’intérieur de votre bureau ? Le questionnais-je en réponse à sa question.

Bien entendu, j’avais une très bonne raison de venir le voir. Plusieurs mêmes. Je n’étais pas stupide. Je ne venais pas me jeter dans la gueule du loup juste pour le plaisir.

-Mais j’ai effectivement de bonnes raisons de venir ici, ajoutais-je avant qu’il s’impatiente trop devant ma question alors qu’il venait justement de m’en poser une.

Je contournais son siège en passant derrière lui et attrapais le sac noir avant de lui mettre sous le nez.

-Cadeau ! C’est pour vous remercier.

Je ne précisais pas les raisons. Il les savait autant que moi. Ce n’était rien par rapport à ce qu’il m’avait fait offert, mais j’espérais que ça le ferait sourire, un peu. Je m’asseyais effrontément sur son bureau en face de lui, ne sachant pas trop s’il allait apprécier ou pas. S’il n’aimait pas, il me ferais assoir sur les sièges et puis voila.

-Et non, je ne les ai pas volé.

Je savais que pour lui ce n’était pas une raison suffisante pour me déplacer jusqu’ici. J’aurais très bien pu m’introduire chez lui, les installer et m’allonger nue sur le lit en attendant son retour. Malheureusement pour lui, je n’étais définitivement pas ce genre de démone.

-Et j’ai aussi quelques informations qui pourraient vous intéresser, commençais-je d’un sourire enjôleur.

Quelle est fait attention, se soit téléportée ou arrivée par l'opération du saint esprit, je n'en avais rien à carrer ! C'était tout aussi risqué, même avec ces fichus stores baissés.

- Et tu comptais faire quoi à propos des vitres qui encerclent presque totalement mon bureau ? ajoutais-je, sous forme de question, une question qui n'attendais pas de réponse ! Elle ne pouvais pas avoir réfléchis à ça, puisqu'elle n'étais jamais venue ici; mais ça n'empêchait pas qu'elle avais agis avec stupidité sur ce coup. Si quelqu'un l'avait vu, pire si Riley l'avais vue... sa couverture était ruinée et ça, ça me mettrais dans une colère noire. Car il y avais quelque chose que je détestait plus encore que l'incompétence, c'était qu'on se mette en travers de mes plans, surtout quand ceux-ci étaient de protéger mon frère.

- Marrant ? Je devrais peut être faire disparaitre ce sourire alors ! Ajoutais-je et pour sa remarque concernant le coté comique de la situation et son choix de s'asseoir dans mon fauteuil. Assis à ma place, je l'écoutais finalement me questionner sur la façon dont était fait mon bureau.

- C'est à ça que servent les stores. Mais comme tu l'auras remarqué, je ne suis pas architecte ! Qu'est-ce que j'y pouvais si celui qui avait conçu le bâtiment avait choisi des bureaux ouverts sur l'espace principal ou de mettre des toilettes seulement tous les deux étages ? Ce n'était pas moi qui avait fait les plans ! Je pris tout de même le paquet qu'elle me tendais et ouvrais le tout. Des draps, pour remplacer ceux qu'elle avait bousillés. Je souriais légèrement, a défaut d'avoir choisi le bon endroit ou le bon moment, elle avais au moins rattrapé l'une de ces dernières conneries.

- Cadeau...? Ce n'est pas comme si tu avais ruinés ma paire de draps, c'est vrai ! dis-je ironique en l'entendant ajouter qu'elle ne les avaient pas volés. C'était surement pour faire référence à ce que j'avais dit ce soir là sur ses moyens.

- Volés ? Qui à dis que c'était le cas !? Fis-je avec un sourire amusé.

- Vas-y, parles ! Fait au moins que cette visite stupide serve à quelque chose ! Ajoutais-je un peu plus sec, n'étant pas friand de l'effet de suspens qu'elle mettais dans ses paroles. Pourquoi attendre si longtemps pour commencer à parler ? On étais pas vraiment au meilleur endroit pour parler de quoi que se soit, ou pour être vus ensembles, alors il valait mieux pour elle qu'elle évite de tourner trop autour du pot.

Je savais que ça le ferait sourire ma remarque les draps volés. En tout cas ils m’avaient bien couté un bras mais ils le valaient bien. La texture était tout simplement divine, elle ne donnait qu’une envie, c’était de s’y enrouler dedans dans le plus simple appareil, accompagné de préférence. La vendeuse m’avait regardé d’un air entendu, pensant que je voulais combler un amant. Bah, elle était quand même loin de la vérité. Ce n’était pas mon amant, et je voulais que lui me comble, pas le contraire. Même si arracher un gémissement de plaisir à Sytry était assez intéressant comme perspective.

-Je préfère le préciser avant que vous ne me fassiez une de vos si tendres remarques, fis-je de manière ironique.

Je roulais des yeux, pas étonnée de sa réaction. Comme d’habitude, il était toujours impatient que je parle. Cette fois-ci, peut-être encore plus car on était sur son lieu de travail. Il devait être un peu tendu.

-Vous devriez changer de rengaine, vous me dites toujours ‘dépêche toi de parler !’. Ronchonnais-je en minaudant avant d’ajouter pour qu’il ne s’énerve pas avant que je lui ai donné mes petites informations : Elle a un petit ami. Enfin, ce n’est pas tout à fait un petit ami, mais elle tient à lui.

James. Elle avait dit qu’il s’appelait et si c’était bien le James que j’avais rencontré quelques temps plus tôt, alors la petite garce avait vraiment bon goût. Il était terriblement canon et ses yeux étaient d’un bleu absolument magnifique. J’avais rencontré ce garçon par hasard et sans envie de le draguer, j’avais pressentit qu’il était spécial alors j’avais tenté une approche. Je n’avais toujours pas trouvé en quoi il était spécial, mais je finirais par le trouver.

-Il s’appelle James. La trentaine, brun aux yeux bleus.

J’appréciais de donner mes informations au compte goutte.

-Mais je crois l’avoir déjà rencontré avant, même si elle ne m’a pas montré de photo. Mais si c’est lui, alors il travaille au O’Sullivan.

Je me penchais vers mon supérieur hiérarchique, un sourire de victoire aux lèvres.

-Alors, ma visite est un peu plus intéressante maintenant ?

Quand elle m'expliquais pourquoi elle m'avais précisé ne pas avoir volé les draps, je souriais une nouvelle fois. Je n'avais pas prévu de pique à ce sujet, ni même imaginé qu'elle les avaient volés d'ailleurs. Cela dit... elle n'avais pas bien tort sur le papier, parce que c'était bien mon genre d'envoyer des remarques telles que celle la. Finalement elle me connaissait pas si mal que ça !

- Que veux tu, ce n'est pas quand tu parle que je suis le plus fan de toi ! Rétorquais-je avec un sourire en coin qui en disait long. De toute façon, je doutais qu'elle ai besoin de plus que mes paroles pour comprendre ou je voulais en venir. C'était assez évident comme ça, surtout venant de moi.

- Ne t'arrête pas en si bon chemin ! Ajoutais-je à l'annonce qu'elle m'avais faite. Bon, s'il y avais quelqu'un dans la vie de Riley, c'était un moyen de pression supplémentaire. Mais je voyais bien qu'elle n'avais pas encore tout dit, elle voulais faire monter le suspens ou quoi ?! Je n'était pas du genre patient, ça elle devais déjà l'avoir remarqué non ?

- La trentaine ah bon ? Intéressant. Tu l'as déjà rencontré ? Ce serait une aubaine tiens ! Reste à savoir quelle technique adoptée alors. Tu n'en a pas trop marre de jouer les amies dévouées ?

- Ça vaux plus le coup, oui ! Surtout quand tu te sera assurée que ce James qui travail au O'Sullivan est bien le même ! Je marquais une petite pause et ajoutais:

- Tu as déjà un plan, quelque chose en tête ? Je suis sûre que ça te ferait autant plaisir qu'a moi de la torturer un peu notre petite brune.

Ce n'était pas encore certain, mais déjà l'info en soit était très utile. C'était une personne de plus à menacer pour lui faire arrêter ses recherches. Et si Lexa voyais juste c'était encore mieux ! Comme quoi, il lui arrivait d'avoir de la chance de temps en temps.

Bien sur que si j’en avais marre de jouer les gentilles amies dévouées. Surtout avec Elle qui menaçait mon seigneur et maître. Je n’avais qu’une envie, c’était de lui arracher son cœur et de contempler l’horreur dans ses yeux juste avant de mourir. Assassinée, trahie parce celle qu’elle pensait son amie. Il n’y avait pas de pire fin. Malheureusement, pour le moment, Kobal voulait la garder en vie. Soit, il en sera fait comme il le désirait mais il me tardait qu’une chose : qu’il m’appelle et m’ordonne de mettre fin à ce simulacre. Elle avait beau être un Nephelim, face à moi et par surprise, elle ne pourrait pas lutter longtemps. C’était comme si Sytry avait lu dans mes pensées. Mes yeux se mirent à brillent d’un éclat pervers.

-Oh, j’ai quelques idées la concernant à elle, précisément. Malheureusement, je ne pense pas que torturer son cher et tendre soit la bonne façon. Elle sera encore plus déterminée à trouver qui est le commanditaire. Elle pensera qu’elle est sur la bonne voie.

Je ne savais pas d’où me venait cet excès de bon sens. Pourtant, j’en mettrais presque ma main à couper que ça ne ferait que la conforter dans cette optique là.

-Et concernant ce James. Si c’est bien son James. Il faut d’abord que j’en sache plus sur lui. Quand je l’ai rencontré, j’ai eu un drôle de pressentiment. Comme s’il était spécial et je ne pense pas que ça soit parce qu’il se tape la brunette.

Comme s’il avait un don spécial mais c’était plus basé sur une intuition. Je ne pouvais pas l’expliquer clairement et je savais très bien que ça n’intéresserait pas Sytry de connaître les détails du comment et pourquoi.

-Pour le moment, mon plan est de jouer la sainte qui pousse son amie dans les bras d’un gars pour qu’elle pense plus à elle et moins à sa vengeance.

Et si ça ne suffisait pas, alors peut-être que je pourrais envisager de faire torturer ce cher James.

-Et ça ne marche pas, on passera à l’étape torture. Mais sans les messages typiques ‘arrête de chercher l’assassin de ton père.’ Sinon il serait bien capable de l’aider à creuser encore plus fort.

Le James que j’avais rencontré n’avait pas froid aux yeux et semblait dire ce qu’il pensait. Je le voyais mal se cacher comme un couard alors que sa belle cherchait l’assassin de son père.

- Pourtant ce serait tellement satisfaisant d'en arriver là ! J'en serais presque à espérer qu'elle continue à jouer les têtues. Presque bien sur ! Parce que s'il y avais quelque chose ou quelqu'un qui comptais plus que mon propre amusement, c'était bien Kobal.

- Ça fait bien longtemps que je n'ai pas torturé quelqu'un ! Trop longtemps si tu veux mon avis. J'avais accompagné cette aveux d'un sourire sadique et satisfait. Satisfait à la simple idée qu'un jour prochain j'allais remédier à cela.

- Spécial comment ? Parce que si ça ne sert pas notre plan, j'en ai rien à carré de ce qu'il est on non capable de faire ou s'il à des fleurs qui lui sortent par le trou de balle. Tout ce que je veux, c'est que tu remplisse ta mission auprès de Riley. Alors si ça veux dire qu'enquêter sur lui te fera perdre du temps... tu ferais bien de ne pas trop t'attarder sur lui. A l'annonce de son plan, j'aurais du être soulagé, c'était surement l'effet qu'elle recherchais, mais ce n'était pas le cas du tout ! Attribuez ça à l'agacement que j'avais de devoir discuter de ça dans ce fichu bureau ou à la simplicité de ce qu'elle venais d'énoncer, mais je n'était pas satisfait par ce qu'elle avais proposé.

- C'est tout ? Une amourette ? J'espère que tu as au moins l'attention de faire un peu plus, sinon je vais finir par croire que tu es fainéante ou pire, que tu préfère passer du temps avec son pitoyable ami. Jake ? C'est bien comme ça qu'il s’appelle ? J'étais froid et dur, mais c'était ce qu'elle y gagnais à venir me parler ici ! Si seulement j'avais pu me détendre et ne pas penser aux dangers que représentait sa présence ici, pour ma couverture ou la sienne, j'aurais peut être plus facilement apprécié son plan.

- Ne le prend pas mal, mais... si ton plan c'est de la faire se jeter dans les bras d'un homme, n'importe qui pourrais le faire, surtout si elle est déjà bien embarquée la dedans.

J’aurais du me douter que mon plan serait trop simple pour Sytry. Pas assez invasif surement, mais je n’avais pas de possibilités à portée de main. J’étais censée être son amie, humaine sans connaissance des démons. Je n’avais pas trop de marge de manœuvre. Il était mignon, lui. Ce n’était pas lui qui devait sourire et paraitre gentil devant elle. C’était son patron, il pouvait se permettre d’être dur ou froid. Il n’avait à écouter ses jérémiades ou ses petits coups de cœur. J’aimerais bien le voir, lui à ma place. Je n’arrivais pas à l’imaginer en train de la pousser dans les bras d’un homme.

-Je n’en profite pas pour passer du temps avec lui, précisais-je d’un ton froid.

Je n’appréciais pas qu’il insinue que je délaissais ma mission pour passer du bon temps avec Jake. Il était vraiment intéressant, de plus en plus même. Surtout qu’il était mal placé pour me faire le reproche de sortir avec un humain car si j’en croyais les rumeurs, il voyait une humaine de façon régulière. Ironique pour un Démon qui critiquait mes sentiments vis-à-vis de Kobal.

-Et si vous voyez le regard de Riley chaque fois que je le mentionne, lui et notre pseudo-relation, vous seriez un peu plus indulgent avec lui. Elle essaie de garder les apparences, mais j’ai bien vu qu’elle n’aime pas l’idée que je fréquente son meilleur ami. Pour elle, il est toujours à ca chère et tendre petite amie décédée.

Qu’est-ce-que j’avais jubilé quand j’avais vu sa réaction à la mention de notre première relation charnelle. Elle avait essayé de garder le sourire, mais ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu’elle ne digérait pas l’idée que son meilleur ami soit passé à autre chose.

-Puisque mon plan ne vous satisfait pas, essayez de m’en trouver un qui soit parfaitement compatible avec ma couverture actuelle bien sur. J’aimerai bien vous y voir vous, en train de faire copain-copain avec elle.

J’évitais de trop prononcer son prénom. Après tout, les murs pouvaient avoir des oreilles.

-Enfin, vous, ce n’est pas trop votre genre et si vous êtes aussi subtil et insistant qu’avec moi, elle pourrait porter plainte, ricanais-je moqueuse. J’imagine déjà la une des journaux. J’en connais une qui ne devrait pas apprécier de voir son petit ami dans la presse à scandale.

C’était diablement risqué de parler de sa petite humaine, mais il m’avait cherché et je ne serais pas moi si je ne lui lançais pas une petite pique.

Le ton sur lequel elle m'avais répondu était sec, limite glacial. J'avais touché une corde sensible, me voir la soupçonner de s'enticher ou plutôt de passer trop de bon temps avec cet humain ne semblais pas la réjouir. Cependant, corde sensible ou non, elle était restée calme, c'était un point pour elle.

- Je me doute qu'elle n'apprécie pas, mais si tu savais comme je m'en balance ! Elle n'arrive pas à se remettre de la mort de sa meilleure amie ? Bouhou ! Je crois que j'ai compris qu'elle avait du mal à laisser couler les choses depuis son paternel. Sinon, nous ne serions pas dans cette situation, tu ne crois pas ? J'étais un peu dur aujourd'hui, surement parce que nous n'étions pas au bon endroit pour discuter de cela, ou parce que j'étais mal luné pour d'autres raisons variés. Mais quoi qu'il en soit, cette pseudo torture mentale ne me contentait pas ! Je voulais qu'elle cesse son enquête, je voulais qu'elle souffre plus que ça. A l'entendre déblatérer ensuite, je réalisait à quel point mon mécontentement l'avais vexée. Sans doute qu'elle s'imaginait me satisfaire avec ces bribes de nouvelles informations. Oui elle avait avancé légèrement quant à trouver une personne avec laquelle nous pourrions faire pression sur Riley; mais en dehors de ça, la subtilité dont elle faisait preuve était peut être trop poussée à mon goût, surtout vu son manque de subtilité quand il était de choisir le lieu de notre rencontre aujourd'hui et le... Non ! Elle n'avais pas osé ! Mon regard était devenu noir quand elle avait évoqué Cassie et une chose était sûre, si je n'avais pas été dans mon bureau à ce moment précis, je lui aurait fait passé l'envie de partir sur ce terrain là.

- Fais moi plaisir, oublie ces rumeurs que tu as entendu ou tu pourrais le regretter ! Crachais-je, doucement, mais non moins sur un ton sec et sans appel. La colère qu'elle avait provoqué se lisait parfaitement sur mes traits, dans mon attitude et si je n'avais pas du me retenir elle l'aurait très bien sentie aussi.

- Je croyais que tu étais plus intelligente que ça ! Croire des rumeurs ou t'en servir contre moi... Lexa, Lexa, Lexa... Tu ferais bien de faire attention à toi ! Ajoutais-je, menaçant prêt à faire l'impasse sur notre petit jeu si elle ne faisait pas plus attention à ses paroles.

Si j’avais osé. J’avais osé mentionner Cassie, l’humaine qu’il fréquentait et qui avait causé tant de remue-ménage dans les factions démoniaques. Bien entendu que j’avais entendu des rumeurs. C’était une démone de niveau inférieur qui me l’avait annoncé. J’avais ricané quand elle m’avait sorti que Sytry était amoureux ! Je m’étais moqué d’elle ouvertement. Amoureux ! Je crois qu’elle s’était vexée sur le moment. Je lui avais alors conseillé de faire attention à ce qu’elle entendait. Franchement, ce n’était pas crédible. S’il y avait bien un démon incapable d’être amoureux, c’était bien lui. Pourtant, il était hors de question que je le dise à Sytry. Je me voyais mal lui dire que j’avais pris sa défense alors que ça serait le meilleur moyen de le remettre d’humeur plus clémente, dirons-nous. Je voyais à ses yeux qu’il n’était franchement pas ravi que j’aborde le sujet. Je souriais pour cacher ma légère appréhension. Je me relevais du bureau et passais derrière lui pour lui masser les épaules.

-Franchement, vous croyez vraiment que je pourrais croire ses rumeurs ? Liam, amoureux ! C’est aussi crédible que Liam va arrêter le sexe, plaisantais-je en gloussant.

J’espérais ainsi le détendre. Je n’aimais pas trop quand il était dans cette humeur là. Il était bien capable de me le faire payer très cher. J’avais intentionnellement utilisé son prénom qu’il se servait avec les humains, au cas ou. C’était quand même étrange, je n’avais pas l’habitude de le prononcer.

-Par contre, je suis assez curieuse de savoir ce qu’elle avait de plus que toutes les autres pour être une amante récurrente.

Ca me surprenait assez. Sytry était réputé pour ne pas être très assidu dans ses relations. Je crois que c’était la première fois que j’entendais parler d’une relation qui durait en dehors du lit avec le démon. Je me demandais s’il ne s’y était pas un peu attaché à cette humaine, pourtant je ne m’aventurerais pas à lui poser la question. C’était sur que j’allais perdre ma tête, démon utile ou non.

-Détendez-vous, vous savez très bien que ma loyauté vous est acquise.

J’avais d’autres informations à lui donner. Une information de taille. Je savais à présent que Saul connaissait Riley. Par contre, j’avais un peu peur qu’il me demande comment j’avais appris ça et je n’étais pas sure qu’il soit très content de savoir que j’avais passé un accord avec mon ancien ami. J’aurais très bien pu appeler Sytry dès que j’étais sorti du bureau des avocats mais j’étais loyale et je respectais toujours mes engagements. Pourtant, je n’étais pas sure que Sytry voit la chose de la même manière. Je mordillais doucement l’oreille du Lieutenant.

-Souriez, vous n’avez pas encore eu le meilleur, murmurais-je d’une voix aguicheuse à son oreille.

J’essayais de détourner mes pensées de Saul et de l’information de la plus haute importance que j’avais obtenue. Sauf qu’il fallait que je le dise à Sytry, parce que Saul pourrait très bien un jour apprendre que Ludivine la meilleure amie de Riley était Lexa, la démone perverse et tordue qu’il avait considérée comme son alliée il y a très, très longtemps. Je n’avais pas le choix.

-On est dans la merde. Enfin, surtout moi. Riley connait Saul.

J’avais plus qu’à espérer que Sytry ne me tuerait pas sur place.

- Je ne sais pas ! Après tout, tu as osé t'en servir contre moi ! Alors... pardonne moi si j'ai des doutes. J'ignorais presque ce qu'elle disait pour me convaincre qu'elle ne croyais pas à cette rumeur, tout comme je faisait fi de ses mains posés sur mes épaules. Car même si je savais pertinemment qu'elle n'était pas assez stupide pour y croire, l'erreur qu'elle avait commise était peut être pire, l'utiliser contre moi ? Vraiment ? C'était tout ce qu'elle avait trouvé pour m'envoyer sur les roses, parler de rumeurs qui m'empoisonnait l'existence et compliquais nos plans à tous ? Ses petites attentions n'allaient pas l'aider cette fois, surtout parce qu'elle avait choisi le pire endroit pour essayer de rattraper de telles erreurs.

- Curieuse hein ? C'est bien pour toi ! Comme si j'allais satisfaire sa curiosité après ça ! Si elle voulais savoir pourquoi Cassie avait survécu tout ce temps, elle pouvais attendre longtemps.

- Si je le sais ? Tu es fidèle à... Henry, à Luc et à nos plans, mais à moi... Dis-je, me forçant à prononcer les noms humains des principaux intéressés. Je me montrais plus distant que je ne l'avais jamais été avec elle. Son attitude m'avais agacé et comme je n'avais pas pu y répondre comme je l'aurais voulu, j'étais en plus de ça, frustré. Une mauvaise combinaison et surtout pas vraiment de bonne augure pour elle, car elle devrait faire beaucoup pour se rattraper lors de notre prochaine rencontre.

- J'ose espérer, parce que jusque là, tout ce que tu es parvenue à faire, c'est m'énerver ! Répondis-je sans ménagement en attendant qu'elle daigne enfin dire ce qu'elle avait découvert d'autre. Je tiquais légèrement en entendant les noms de Riley et Saul dans la même phrase. Elle avait finalement raison à propos de ces deux là ! Intéressant, pas forcément étonnant de la part de Saul qui semblait s'évertuer à nous emmerder mais pas si alarment qu'elle semblait le croire.

- Uniquement pour toi, si tu veux mon avis ! Parce que si elle est ami ou je ne sais quoi avec lui, elle sais déjà ce que je suis ! Nul doute qu'il aura commencé par lui dire la vérité sur les gens pour qui elle travail. Et comme rien n'as été ébruité... J'imagine qu'elle est assez intelligente pour se rendre compte que ce serait une erreur. Non... la ou ce serait navrant, c'est qu'il lui dise que sa gentille amie est un démon, là ce serait dommage ! J'avais prononcé la fin de ma phrase comme un murmure, ne manquant pas pour autant de me moquer d'elle avec une moue faussement inquiète. J'étais vraiment remonté contre elle aujourd'hui, il ne lui en avait pas fallu beaucoup pour me chauffer les nerfs c'était certains. Seul avantage encore à sa disposition, elle serait en mesure de se rattraper plus tard si elle y mettais de la bonne volonté.

- Si elle apprend ce que tu es... je ne donne pas cher de ta peau ! Après tout, tu n'as pas le droit de la tuer, ça risque d'être dur de te défendre avec ça ! Ricanais-je doucement, pour ne pas risquer qu'on nous entendent.

Je gardais une attitude décontractée, mais je n'en menais pas large. Pourtant il ne demanda pas comment j'avais appris pour Saul et Riley. A la place, il se moquait ouvertement de moi. Comme d'habitude, je me figeais légèrement, n'appréciant pas la blague. Pourtant, je l'avais bien mérité cette fois-ci. Après tout, je l'avais bien titillé au sujet de Cassie alors qu'il n'aimait visiblement pas ça. 

-Ahah très drôle. Mais je ne dirais rien, je l'ai bien mérité.

A force de le côtoyer, j'apprenais de mes erreurs et la première était de lui donner matière à se moquer de moi. Ca lui donnait des failles pour mieux me manipuler.

-Par contre, il me semble qu'on m'a ordonné de la garder en vie, pas que je ne devais pas me défendre si elle m'attaquait, ajoutais-je dans un sourire sadique.

Ca pourrait être marrant de la secouer un peu. Ca compenserait toutes les années ou j'ai du jouer les jolies et gentilles filles auprès d'elle. Le point positif était que je n'aurais plus à tenir un rôle que je ne supportais pas. Le point négatif était que ma mission serait mon second échec et que Kobal ne me le pardonnerait surement pas aussi bien que l'autre fois. Alors, je prendrais un plaisir à tuer tous les êtres chers à Saul, lui faire payer sa traitrise. Je l'avais prévenu.

-Et connaissant Riley, je ne pense pas qu'elle soit capable de garder un sourire professionnel devant le frère de l'assassin de son père.

Elle aurait déjà cherché à tuer Sytry au passage. Ca pourrait être marrant à voir, Sytry en train d'essayer de se contrôler pour ne pas tuer la jeune Néphélim. Il pouvait se moquer de moi, mais il serait dans la même situation que moi. Devoir encaisser les coups sans trop riposter pour ne pas lui infliger une attaque mortelle.

-Vous pouvez bien vous moquer de moi, mais vous seriez dans la même situation que moi. Comme à présent, devoir réfréner vos pulsions, ne pas la tuer sur place.

Les mains se baladaient toujours sur ses épaules. Je savais très bien qu'il était frustré de ne pas me faire payer mon insolence de toute à l'heure. J'allais le payer cher, mais pour le moment, c'était assez drôle de le taquiner. Pourtant un souvenir revint en ma mémoire. L'autre fois au bar quand il m'avait fait tomber au sol et que ma cheville s'était cassée. Je devrais peut-être calmer le jeu avant qu'il ne pète un plomb.

-Vous êtes trop tendu. Vous devriez prendre un jour de congé pour vous détendre, suggérais-je.

Bah d'accord, c'était peut-être pas tout à fait la meilleure méthode pour l'amadouer, mais bon, fallait pas non plus trop m'en demander.

Au moins, elle reconnaissait ses tords, tout n'était pas perdu ! Quoi que je n'en avais pas douté, à mon avis elle avais surement regretté ses paroles à l'instant ou elle les avaient prononcées, car elle avait du prévoir que ça me mettrais hors de moi ou tout comme.

- Oh tu peu te défendre ! Pense juste que si tu l'as tue, même sans le vouloir, tu la suivra juste derrière ! Répliquais-je du tac-o-tac avec un sourire carnassier aux lèvres. Les démons n'étaient pas autorisés à tuer les nephelims ! Aucun ! Lucifer s'était créé une armée supplémentaire et tant qu'il n'en avais pas fait usage, il était hors de question que ses propres troupes lui liquide des recrues.

- Tu ne devrais jamais présumer de ce dont sont capables les gens ! Je l'ai croisée plusieurs fois ces derniers temps dans les couloirs, alors si Saul lui as dit... crois moi, elle joue bien la comédie ! Les bonjours et les marques sourires respectueux à l'angle d'un couloir, ce n'était pas ce qu'il y avais de plus difficile à faire, ce n'était pas comme si on partageais un bureau. Elle n'avais qu'a maintenir l'illusion quelques secondes, un sourire et basta. Contrairement à ce que pensait Lexa, j'étais certain que si elle connaissais Saul, il lui avait dit ce que j'étais ! Franchement, vu qui elle chassait, vu ce qu'elle était... le contraire me paraissait gros.

- Non, si tu veux mon avis, elle sais qu'elle n'aurais aucune chance et préfère faire profil bas tout en continuant de se procurer des informations sur Kobal. Alors tu as intérêt de faire correctement ton boulot, ma mignonne ! J'avais soufflé ses mots mais malgré le peu de volume, je n'en avais pas moins été menaçant.

- Si on en viens là, ne t'en fait pas pour moi je saurais gérer la situation. Je me raclais la gorge, sentant toujours ses mains vagabonder sur mes épaules, pensant à ce qu'elle me disait.

- Ce n'est pas vraiment le moment pour un congé ! Sans compter que tout allais bien avant que tu arrive, ma jolie ! Dis-je en faisant référence ET à son apparition ici et au reste de notre discussion et de ses paroles désobligeantes.

- Si tu veux mon avis, c'est de toi que je devrais prendre congé ! Fis-je en tournant la tête pour la regarder quand je disais ces mots. Son massage était tout au plus, pas désagréable, mais si elle voulais rattraper ses paroles, elle devrait en faire bien plus.

- A moins que tu ne veuille passer me voir sur un terrain plus propice, là tu pourrais te faire rattraper et me faire passer l'envie de t'écorcher vive ! Susurrais-je à sa seule attention avec une lueur de malice dans les yeux.

Je n’étais pas tout à faire sure que Sytry avait raison pour Riley. Elle avait déjà du mal à cacher son mécontentement quant à ma pseudo-relation avec son Jake alors je l’imaginais mal pouvoir sourire au frère du meurtrier de son père. Surtout si Saul lui avait déjà tout raconter. En tout cas, il n’avait pas besoin de me rappeler que je n’avais pas le droit de la tuer. Je le savais assez bien comme ça. Sinon je n’aurais pas pu tenir tant d’années aux côtés de la brunette. Pourtant je me gardais bien de lui faire la remarque. Il m’avait déjà assez dans le collimateur comme ça. Je n’allais pas en rajouter une couche.

-Oh, moi qui pensais que ma compagnie vous été agréable, fis-je légèrement sarcastique.

Je ne savais pas trop ce qui plaisait autant à Sytry chez moi pour qu’il me laisse la vie sauve. Surement le fait que j’étais quand même un bon soldat. Je ne comptais pas le fait qu’il veuille me mettre dans son lit. Je connaissais assez le Lieutenant pour savoir qu’il savait très bien faire la différence entre boulot, respect et aventure. Je ne l’oubliais pas, mais je ne pouvais jamais résister à lui lancer une petite pique de temps en temps. Ca ne serait pas moi sinon.

Un frisson me parcourait quand son ton prit une tournure plus chaude, un peu moins cassante. Le jeu repartait. Et j’aimais beaucoup ça. Pourtant, je me demandais ce qui allait se passer une fois qu’il aurait eu ce qu’il voulait. Allait-il m’ignorer, ou en vouloir plus jusqu’à sa prochaine proie ? Il fallait que je me prépare à toutes les possibilités. Un sourire franc se dessina sur mes lèvres. Une idée un peu folle naquit dans mon esprit fertile. Je m’approchais de son visage, à quelques millimètres de ses lèvres et changeait de direction au dernier moment pour son oreille.

-J’ai bien une idée en tête, mais vu que tout allait bien avant que j’arrive, ça ne sert à rien que je la formule haut et fort.

Je me doutais qu'il allait tiquer et surement imaginer des choses. Personnellement, moi je m'imaginais parfaitement nue dans les draps en satin noir. Lui ce qu'il imaginait, je n'étais pas sure de vouloir le savoir.

-Je ne vais pas vous déranger plus longtemps alors, fis-je en reculant, un sourire aux lèvres.

Je reculais lentement, histoire de lui donner le temps de me retenir s’il le voulait, parce que je n’avais pas du tout envie de le quitter à présent.

J'avais très bien noté de doute dans son regard quand j'avais affirmé que Riley savait pour moi. Elle l'as connaissait peut être mieux que moi, peut être même qu'elle connaissait mieux Saul également, mais moi je connaissais ce genre d'humains en général. J'avais pu voir avec quelle facilité certains pouvaient mentir et jouer la comédie quand ils le voulaient. Si elle était prête à pourchasser les démons pour tuer le meurtrier de son père elle n'était surement pas à ça près s'il s'agissait seulement de me faire un sourire au détour d'un couloir.

- Peut être que tu me serais plus agréable si tu mesurais tes mots avant de parler ! Répondis-je à son ton sarcastique avec fermeté. Si j'aimais les petites piques celle qu'elle avait fait aujourd'hui dépassait une limite qu'elle n'aurait pas du franchir. Et quelque part, les rumeurs dont Kai avait parlé avaient raison sur ce point ! Si elle n'avais pas été une femme, elle aurait eu bien plus de mal à se faire pardonner. D'ailleurs, je comprenais très vite qu'elle s'essayait déjà à regagner mes faveurs, les stores étant baisés, je la laissait faire, me doutant, sans savoir pourquoi qu'elle allais de toute façon ce contenté de douces paroles plutôt que d'actes plus direct. C'était sa manière d'agir avec moi, comme si elle refusais de se montrer plus entreprenante. Peut être qu'elle avait peur de la manière dont j’interpréterai la chose. Si je savais qu'elle appréciais notre petit jeu, elle pensait peut être perdre l'avantage ? Quoi que fut la raison qui la poussait à agir de la sorte, je savais très bien qu'elle appréciais plus qu'elle ne le laissait voir notre petit jeu. Ses paroles en tout cas, me laissait imaginer des tas de choses et je dois bien avouer que mon imagination s'était mise à tourner à cent à l'heure à cet instant précis. Elle fis alors mine de partir et lui ayant pourtant dit quelques minutes plus tôt que je voulais la voir dehors, je me redressais aussitôt et posait rapidement une main sur ses reins pour la ramener plus près de moi.

- Tu en à trop dis cette fois ! Si tu envisage de te faire pardonner plus tard, tu ferais mieux de lancer les festivités tout de suite, sans quoi tu risque d’aggraver ton cas. Mon ton n'était cette fois plus du tout sec. Je lui parlais posément, d'une voix suave et plus séductrice que menaçante. D'ailleurs, la menace dans ma phrase n'en était pas vraiment une, c'était tout au plus un avertissement ou une manière de la faire accéder à ma requête plus facilement. Je jetais un coup d’œil rapide vers la porte. Les stores nous cachaient, ça je le savais déjà, mais la porte elle était bien fermée.

- A moins d'un pépin, personne ne devrait nous déranger dans la minute. Et on aurait le temps de les entendre frapper ! Je ne sais pas pourquoi je précisais cette évidence, car je l'imaginais mal se formaliser de ce que mon assistante pouvais penser. Pour elle, seule Riley ne devais pas nous voir, pour moi, c'était autre chose. Ni une ni deux, convaincu par mes propres paroles, je laissais glisser ma mains, rejointe par la seconde, de ses reins à ses cuisses pour la soulever et la forcer à s'assoir a califourchon sur moi.

- Alors, qu'est-ce que tu avais en tête dis moi ? Quelque chose comme ça ? Demandais-je en laissant remonter ma main droite de sa cuisse à son buste, passant sous son haut.

- Parce que moi, j'avais imaginer bien pire ! Ajoutais-je avec un large sourire. Bien entendu, aujourd'hui ça n'irais pas bien plus loin que ce jeu déjà bien assez dangereux. La position dans laquelle nous étions était déjà en sois assez compromettante si nous venions à être interrompus. Mais le fait d'être dans mon bureau était grisant quelque part, c'était la première fois que je me permettais ce genre de chose, ce même si personne n'allais nous voir.

- Bien, bien pire que ça ! répétais-je doucement en parcourant des yeux sa silhouette, la déshabillant du regard.

Je me doutais un peu que mes paroles feraient leur petit effet sur le démon. Loin de là l’idée de penser que je pouvais le connaitre, mais c’était un homme avant tout et j’étais une belle femme. Je savais utiliser de mes charmes. C’était peut-être d’ailleurs pour ça que Kai m’avait rapporté des rumeurs à mon sujet. La jalousie faisait parler et mon récent échec ne faisait qu’enflammer les esprits. Pourtant, ce genre de rumeur ne m’atteigne pas. Je savais très bien quel soldat je suis et honnêtement il faudrait être stupide pour penser que Sytry ou même Kobal m’épargnaient pour mon joli minois. Même moi, je n’avais pas prétention de le penser, c’était d’ailleurs pour ça que j’avais tenté de revenir dans les bonnes grâces du Lieutenant. Ca partait d’ailleurs sur un bon chemin parce qu’il m’attira à lieu en posant une main sur mes reins. Mon sang s’échauffa à son contact et mon corps réagit tout seul. Quand il me força à m’assoir sur ses genoux, je laissais échapper un léger gloussement de plaisir tout en m’accrochant à son cou alors qu’il passait ses mains sous mon haut. Il connaissait le chemin à force de l’avoir fait sans y donner suite.

-Ce n’est pas tout à fait ça que j’imaginais, non, murmurais-je contre sa bouche alors que je me sentais grisée par le contact de sa peau contre la mienne.

Je m’imaginais plutôt dans les draps, mais c’était plus classique, alors que je voyais au regard de Sytry qui détaillait chaque courbe de mon corps, que lui pensait à des choses bien plus excitantes qu’une partie de plaisir dans un lit. A présent, j’avais des idées de luxure sur ce bureau, même si comme il me l’avait bien fait comprendre tout à l’heure, c’était dangereux que je me pointe ici.

-Bien pire ? Et comment pouvez-vous en être sur ? le taquinais-je en déposant de légers baisers sur son menton.

Je restais soft comme à mon habitude, même si ma réaction montrait avec évidence que j’appréciais le moment. Je ne pouvais pas le nier, pourtant c’était quand même plus marrant de lui résister. Il avait tellement l’habitude que les femmes lui cèdent si facilement que je mettais un point d’honneur à lui résister, histoire de rendre la chasse plus excitante. Je mettais mes genoux autour de ses cuisses, posés sur le coin du fauteuil pour garder un certain équilibre. Mes mains, prises d’une vie propre glissèrent de son cou à sa cravate, la desserrant un petit peu.

-J’avais plus en tête de tester les draps que je vous ai offert, susurrais-je contre son oreille d’une voix aguicheuse.

J’étais sure que Sytry allait se réjouir de ma confession. Moi avouant vouloir tester les draps avec lui et il ne fallait pas être très malin pour comprendre que ce n’était pas juste pour quelques échauffement. Mais peu importe, à présent, j’avais réussi à remettre Sytry de bonne humeur et j’avais la joie d’en ressentir les effets.

-Et vous, vous avez quoi en tête ?

Je n’étais pas sure qu’il veuille me répondre, mais au moins j’aurais posé la question.

Elle avais, à sa manière, accueillis mes gestes avec la réaction la plus flatteuse qui soit. La plus sincère aussi, car quoi qu'elle dise, peu importe le rôle qu'elle jouais en prétendant me résister; sa réaction, ce minuscule laissé aller m'en disait bien plus que tous les mots qu'elle avait pu proférer.

- Non, bien sûre ! J'aurais été déçu si ça avais été le cas ! Peut être quelque chose qui impliquerait ce bureau, alors ? Encore une fois, je trouvais ça trop gentillet pour ma part, surtout parce qu'elle savais, cliché mis à part que cette version là était proscrite.

- Parce que que tu le veuille ou non, à coté de moi, tu es une petite joueuse Lexa ! Mais ne prend pas ça comme une insulte, parce que tu es de loin plus expérimenté que la moitié des femmes que j'ai mis dans mon lit. Qui aurait cru qu'avec un visage d'Ange comme le tiens... Je ne finissait pas ma phrase, la laissant picorer un instant mon menton avant de la coller un peu plus a moi alors qu'elle desserrais le nœud de ma cravate avec facilité.

- C'est une idée ! Seulement il faudra que tu fasse preuve d'imagination pour rendre tout ça digne de mon pardon ! Fis-je avec un sourire qui en disait long. J'étais surtout satisfait qu'elle admette qu'elle en avait envie, peut être autant que moi. Pour ma part en tout cas, si nous continuions comme cela un peu trop longtemps il serait difficile de cacher mes envies.

- Ohhhh, des tas de choses, ma belle. Tu n'as pas idée ! Mais tu ne voudrais pas gâcher la surprise ? Si ? J'arborais cette fois un sourire amusé, tandis que mes mains, toujours sous son chemisier blanc, migraient vers l'ouverture de son micro short avec détermination. Je m'arrêtait pourtant net sur le bouton et le laissait, bien fermement attaché. Prendre du bon temps ici, c'était tentant, le risque qu'on nous surprenne, si excitant que c'était ne méritait pourtant pas qu'on le prenne. Cette boîte, les apparences, c'était plus important que tout et elle le savais presque aussi bien que moi.

- Pourquoi il a fallu que tu vienne ici ?! Ajoutais-je simplement avant de l'embrasser passionnément, capturant ses lèvres et l'empêchant de répondre à cette question qui n'en était pas une.

- Et si on pimentais un peu le jeu ? Tu serais prête à accepter, n'importe quoi ? Finis-je par ajouter lorsque je m'écartais finalement de ces lèvres si tentantes.

Je savais que ma réponse concernant les draps le rendrait content. Enfin, du moins je supposais que ça l’amuserait de constater que j’avais aussi envie à présent. Heureusement, il ne fit pas de commentaires sarcastiques à ce sujet-là, peut-être parce qu’il savait que je reculerai pour ne pas lui donner la satisfaction de m’avoir à sa merci.

-Je préfère savoir à quoi m’attendre en général, répliquais-je d’une voix sensuelle.

Je frissonnais d’excitation quand ses mains trouvèrent le chemin de mon short. Je n’arrivais pas à croire que Sytry, le démon qui m’aurait étripé il y a quelques secondes commence à me déshabiller à même son bureau. Je trouvais ça étrange et quand il s’arrêta sans le défaire, j’oscillais entre le soulagement de reconnaitre là le Lieutenant des Enfers, et la déception de ne pas arriver à le déstabiliser à ce point. Pourtant le soulagement prenait le dessus. Après tout, nous étions à son travail de couverture et c’était terriblement important qu’il conserve sa réputation. Je n’allais pas le contredire à ce niveau-là. Moi la première, ma couverture en tant que Ludivine Blackheart, étudiante en psychologie était plus important qu’une partie de jambes en l’air, même si le partenaire était parmi les Démons les plus puissants. Pourtant lorsqu’il captura mes lèvres, je me laissais faire, prenant un plaisir malsain à y répondre avec autant d’ardeur, satisfaite de voir que je le perturbais quand même un peu. Heureusement que son baiser ne me laissait pas le temps de lui répondre avec une de mes piques habituelles, ça aurait pu changer encore une fois l’humeur du démon et gâcher le moment.

Je levais un sourcil, perplexe face à sa question alors que je tentais de reprendre mon souffle. Je n’étais sure de vouloir accepter. Le ‘tout’ qu’il venait de mentionner me laissait présager le meilleur comme le pire. Pourtant ses lèvres si attrayantes et ses mains expertes me poussaient à accepter.

-Pimentons le jeu alors, répondis-je dans un sourire aguicheur en lui enlevant la cravate pour la passer autour de son cou et l'attirer à moi pour prendre ses lèvres avec sensualité.

Je ne savais pas dans quoi je venais de m’embarquer, mais je venais de le faire. J’espère qu’il se rendait compte que je lui accordais plus de confiance que j’en accordais habituellement. De manière générale, je ne donne jamais mon accord pour des jeux dont je ne connais pas les règles à l’avance. Je disais la vérité tout à l’heure, je déteste les surprises.

Je souriais en voyant qu'elle abdiquais, sachant surement d'avance que j'allais refuser de parler, préférant quand même souligner qu'elle n'aimais pas forcément les surprises.

- En général. Mais cette fois, fait moi confiance, tu préférera garder le mystère entier, ma belle ! Murmurais-je en lui lançant un regard ravageur. Je n'étais pas fan des bandes annonces quand il s'agissait de ce genre de divertissement. C'était bien plus excitant et agréable de profiter du moment, non ?! Quoi qu'elle en dise de toute façon, je ne comptais pas en dire plus aujourd'hui, déjà parce que c'était difficile de ma faire changer d'avis quand je l'avais décidé, mais également parce qu'il m'aurais fallu plus que des mots pour exprimer parfaitement ma pensée. Je l'avais vu hésiter quelques secondes, c'était presque passé inaperçu, mais son regard en avait dit long. Elle avait cependant assez vite pris une décision, je souriais de plus belle en voyant avec qu'elle facilité elle me laissais les reines. N'avait-elle pas commencé ce jeu en disant qu'elle n'aimais pas n'être sujette qu'a mes règles ?! Pourtant, si je me fiais à sa décision peut être précipité, elle avait l'air d'avoir changer son fusil d'épaule. Est-ce que c'était sa venue chez moi ou son désir de se rattraper qui la faisait agir de la sorte ? Quoi qui l'est poussée à faire ce choix, j'étais ravi et j'accueillait avec tout autant d'ardeur le baiser qu'elle me donnait après ça. Appréciant avec qu'elle dextérité elle avait détacher ma cravate pour s'en servir contre moi, je me lançais pour énoncer les règles qui pimenteraient ce jeux déjà fort distrayant.

- Interdiction de prendre du bon temps avec qui que se soit, jusqu’à notre prochain... rendez-vous ! Commençais-je avec un ton presque scolaire.

- Mais pour faire dans l'équité pour une fois, c'est autant valable pour toi que pour moi ! Ça devrait rendre la chose plus appréciable quand tu essayera de te faire pardonner, tu ne crois pas ?! Ajoutais-je d'un ton enjôleur.

- Attention, quand je dis personne, ça concerne aussi ton humain ! De toute façon... tu es pleine de ressources, tu devrais trouver une raison convaincante pour le forcer à se comporter comme un gentleman. Renchéris-je, songeant que s'il l'as prenais vraiment pour une humaine, elle devais être douée niveau mensonges et jeux d'actrice.

- Quand je dis pas de bon temps, j'entends bien sur rien du tout ! Ce qui veux dire pas même pour lui ! Ce serait de la triche et je n'aime pas qu'on triche avec mes règles. Ça me mettrais de très mauvaise humeur ! J'avais prononcé les derniers mots de manière plus lente et pesée. Comme une menace qu'elle se devait d'entendre.

- Toujours partante, alors ? La question était là pour la forme, car elle avais déjà accepté et un refus maintenant ne ferait qu'empirer les choses pour elle.

- Tu as peut être des questions ou quelque chose à ajouter ?

Je savais que c’était une erreur d’accepter sa proposition. Je le savais, pourtant je l’avais fait. J’avais déjà vendu mon âme au diable il y a fort longtemps, j’avais quand même l’impression de la vendre une seconde fois. J’écoutais Sytry m’énoncer ses règles qui n’étaient pas tout à fait à mon goût, je ne savais pas quand je le reverrais et j’avais des besoins à satisfaire. Je claquais de la langue quand il précisa que c’était pareil pour Jake. C’était censé être mon petit copain, et nous en étions au début de notre relation. Il était loin d’être idiot, je ne pourrais pas lui sortir la rengaine de la mauvaise période du mois. J’allais devoir trouver autre chose, parce que sa dernière question me demandant si j’étais toujours partante n’en était pas vraiment une. Après tout, j’avais déjà accepté, je n’avais pas le choix. Je devais me plier à sa règle de toute manière.

-De toute façon, j’ai déjà accepté, alors les dès sont jetés. Mais, si vous n’aviez pas dit que vous feriez abstinence aussi, j’aurais refusé.

C’était clair. Il était hors de question que moi, je me prive des plaisirs de la vie alors que lui prenait du bon temps à droite à et gauche. En tout cas, l’enjeu était clair. Au prochain rendez-vous, ce n’était plus les simples petits jeux et émoustillements qui seraient de mise. Après, je ne sais pas combien de jours voir de semaines sans rien faire, je n’osais imaginer dans quel état d’excitation nous allions être.

-Je suppose que non. Les règles sont simples : pas de sexe avant notre prochaine rencontre. Marché conclu, fis-je en lui tendant la main en signe d’accord.

Je ne lui demandais pas comment je pouvais être sur qu’il ne tricherait pas. Il était peut-être menteur et redoutablement intelligent, je savais qu’il n’avait qu’une seule parole. J’anticipais déjà notre prochaine rencontre. Parce que si je vivais mal de ne pas être satisfaite, je n’osais pas imaginer dans quel état devrait être un homme à femme tel que Sytry.

-Mais au final, je me demande lequel va être le plus frustré ? Comment allez-vous faire pour tenir sans une femme avec qui vous amuser ?

C’était le même concept que les gens de l’époque pratiquaient il y a encore quelques années en arrière : pas de sexe avant le mariage. Je trouvais ça débile de s’engager avec quelqu’un si on ne sait pas si on est compatible ou non. Mais c’était la mentalité tellement restreinte des hommes qui ne voulaient pas que les femmes prennent le pouvoir.

-A moins que vous fassiez ça pour être sur qu’aucun homme me touche ? Possessif ? Me moquais-je légèrement.

Je me moquais, pourtant je n’aimais pas trop l’idée d’être le chasse gardé de Sytry. Ca m’inquiétais un peu même.

- Refusé, ah oui ? J'aurais voulu voir ça ! Même si elle l'aurais surement pensé, je la voyais mal me tenir tête ou revenir sur sa parole après ce qu'elle avais déjà fait pour m'énerver aujourd'hui. Mais ce n'était pas vraiment important, puisque de toute façon, elle avait accepté et que j'avais proposé cette règle en nous y incluant tous les deux.

- C'est un peu trop basique ! Je dirais plutôt pas... d'intimité sous TOUTES les formes ! Le mot intimité avait eu du mal à sortir, ce n'était pas vraiment celui que j'aurais prononcé en premier pour qualifier toutes les choses que j'avais à l'esprit, mais c'était toujours mieux de rester sobre ici, ce même si je continuais à baisser d'un ton a chaque fois que je parlais.

- Ne t'en fais pas pour moi ! Je suis un grand garçon ! Je saurais me contenir et peut être même mieux que toi. Si elle se moquais légèrement, elle oubliais vite que moi au moins, je ne jouais pas un rôle romantique, Cassie savais qui j'étais et depuis Jenna et son apparition nous nous voyons déjà très peu, alors que pour elle et sa mission avec Jake, ce serait surement plus compliqué. Si j'étais moins tenté... ça ne pouvais que jouer en ma faveur non ?!

- Tu sais ma jolie, je ne suis pas vraiment du genre monogame ! Alors si je voulais bêtement jouer les gars possessif avec... toi. Je ne m’inclurais pas dans l'équation ! J'avais presque laissé sonné le "toi" comme une insulte, marquée par cette hésitation à prononcer ce petit mot de trois lettres, ce pour la vexer même légèrement. La seule raison de cette proposition, ou plutôt de cette règle préalablement acceptée, était de rendre le jeux plus attrayant. Si elle voulais en prime me taquiner, qu'elle le fasse, tant qu'elle ne parlais pas de Cassie ou de tout ce qui pouvais concerner cette rumeur, ça m'allait !

- J'ai plutôt l'impression que tu n'aimes pas l'idée que ça puisse être vrai, en fait ! Dis moi... l'idée serait-elle si repoussante ? C'était comique, mais j'avais l'impression qu'au lieu de se moquer de moi, elle tentais plus de rassurer qu'autre chose. Comme si cette possibilité, quoi qu'elle soit insensée, l'avais poussée à s'en assurer.

- Sans compter qu'il y aurait des manières plus faciles de s'assurer d'une telle chose ! A commencer par découper en morceau ce veuf éploré que tu t'évertue à séduire. En fait... ce serait aussi une manière bien plus divertissante ! Ajoutais-je tout sourire en songeant à ce que j'avais eu envie de lui faire à l'instant même ou je l'avais rencontré. Certes il avait une part d'ombre qui pouvais être intéressante à explorer, mais elle n'était pas suffisamment présente pour me faire oublier l'humain qu'il y avais derrière.

Je n’ai jamais été le chasse gardé d’un homme, quel qu’il soit. Si je l’étais, c’était une illusion que je leur laissais volontiers croire pour mieux les manipuler. Je n’appartiens qu’à une seule personne : Kobal. C’est mon maitre, mon créateur, ma raison de vivre. Et pourtant, ça ne m’empêchait pas d’aller voir ailleurs parce que je savais que tout ce qui l’intéressait chez moi, c’était mes capacités de soldat. Et j’avais la nette impression que Sytry lui, quand il jouait avec une femme, il attendait qu’elle lui soit totalement sienne alors que lui allait voir ailleurs. Ca c’était typique des hommes. Moi, je fais ce que je veux, je peux m’envoyer toutes les femmes que je veux, par contre elles, elles n’ont pas intérêt à aller voir ailleurs. Typique des mâles dominants. En tout cas, il avait bien deviné mes pensées, comme toujours. Ce n’était pas vraiment repoussant, j’aurais dit assez flatteurs, mais je détestais être la cruche de service qu’on prend quand on veut et qui ne peut pas faire ce qu’on veut.

J’avais ma fierté. Dans toutes mes relations, sexuelles de mon point de vue et surement sentimentales du point de vue des amants, j’étais toujours la dominante sans qu’ils le sachent. En réalité, j’étais comme Sytry. Je ne supportais pas qu’une autre femme touche à mon jouet du moment. J’avais le droit de faire ce que je veux, mais si je surprenais une nana en train de tourner autour de mon amant, je la réduisais en miettes, autant au sens littéral qu’au sens imagé. Pourtant je me gardais bien de le signaler à Sytry.

-Vous avez l’air d’avoir vachement réfléchi à la question. En même temps, c’est vrai que ça doit être énervant de se dire qu’on va passer après un humain qui m’aura fait grimper au rideau.

Je dansais sur une pente sévère. C’était dangereux de l’énerver après ce qui s’était passé tout à l’heure. Mais quand même, c’était terriblement tentant vu la façon dont il semblait vouloir se débarrasser de Jake.

-Lui, un simple humain un peu dépressif, ajoutais-je contre son oreille d’une voix aguicheuse.

En même temps, je le comprenais. Ca faisait des années qu’il tentait de me mettre dans son lit, sans succès alors que Jake, un simple humain, fort séduisant mais aussi fort faible, m’avait mise au lit en moins de temps qu’il fallait le dire. Ca ne m’aurait pas plus à sa place. Lui, qui avait l’habitude d’avoir ce qu’il voulait, avec moi il était servi.

Je m'attendais à pas mal de réactions, mais pas à celle qu'elle avait eu ! Je la pensait plus maline que ça ! Vouloir me tester, m'énerver volontairement après les points qu'elle avait déjà perdu avec moi aujourd'hui... Ce n'était pas ce que j'aurais qualifié d'intelligent.

- Il semble que je me sois trompé à ton sujet ! Moi qui te croyais intelligente ! Je suis déçu ! Crachais-je en faisant abstraction de ses paroles au sujet de Jake. De toute façon, mon ton et mon regard en disait plus long que toutes les paroles que j'aurais pu prononcer. Ils témoignaient de mon envie de l'étrangler sur le champs, pire encore, si je m'étais laissé aller à ma colère, si nous n'avions pas été là, j'aurais pu la renvoyer en enfer pour lui faire passer l'envie de recommencer de telles conneries. La seule chose qu'elle avait pour l'aider, c'était ce lieu ! Cet endroit me forçais à ne pas réagir, à calmer mes ardeurs. Ce tempérament de feu que j'avais était mis à rude épreuve à chaque fois que j'entrais en ces murs. Heureusement pour elle, j’aurais donc le temps de me calmer et d'agir avec ma raison plus que la colère lorsque je la reverrais.

- Si j'étais toi, j'attendrais un peu avant de me recontacter ! Ajoutais-je cependant en menace non dissimulée, ajoutant une embuche supplémentaire pour notre jeu. Mais je n'en avais rien à faire d'attendre plus longtemps ! La voir en dehors de ces murs trop tôt, pourrait lui couter sa tête, alors c'était surement mieux comme ça.

- Et je déguerpirais avant d'avoir l'occasion de m'énerver un peu plus ! Soufflais-je de manière mauvaise à son oreille comme elle s'était approchée de moi entre temps.

Mon impulsivité me perdra un jour. J’avais réussi à regagner les points que j’avais perdu en parlant de Cassie mais je venais de les perdre à nouveau en parlant de Jake et de notre relation sexuelle. J’aurais du m’y attendre, à trop vouloir le pousser à bout, j’allais finir par le regretter amèrement. J’avais vu dans ses yeux la rage. Si nous n’avions pas été ici, dans ce bureau, je serais déjà morte. Il ne se serait pas contenté de me fouler la cheville comme l’autre fois au bar, il m’aurait carrément envoyé en Enfers. Je ne pouvais pas vraiment en être sure, mais là j’étais allée trop loin, je l’avais vu dans son regard que j’avais fait une erreur et il me le fit savoir, d’un ton implacable. Effectivement, si je tenais à rester en vie, je ferais mieux d’attendre un peu avant de représenter mon visage devant lui. Je reculais légèrement quand il souffla dans mon oreille que je devrais partir. C’était un conseil qu’il avait là. Pourtant, avais-je vraiment l’air de quelqu’un qui écoute les conseils ? Non. Je n’aimais pas l’idée d’avoir Sytry en colère contre moi. D’une part, parce que c’était un Lieutenant, mon supérieur hiérarchique. Il n’est jamais bon d’avoir un chef à dos. Saul en était la preuve vivante. Et deuxièmement, même si je préfèrerai me couper la langue plutôt que de lui dire, je l’appréciais quand même cet enfoiré démoniaque. Ca m’ennuyait qu’on se quitte en si mauvais terme.

Je m’écartais légèrement de lui, histoire de ne pas trop le tenter de me mettre la main autour de mon cou. Mon cerveau réfléchissait à mille à l’heure pour trouver quelque chose qui ferait mouche.

-Pardon, j’ai dépassé les limites. Je n’aurais pas du vous parler de Jake. C’est mon impulsivité. J’ai le sang chaud, j’ai réagit comme une idiote écervelée.

Encore une fois. Et c’était vrai. J’étais plus intelligente que ça. Il fallait croire que retenir l’attention de Sytry me rendait un peu trop orgueilleuse. Je devrais effectivement attendre avant de le recontacter.

-Je sais que mes paroles peuvent sembler vides de sens, mais vraiment, je m’excuse.

J’avais un ton respectueux et je ne feignais pas d’être désolée. Je n’allais pas dure que je regrettais mes paroles. Il fallait que j’assume. J’étais allée trop loin dans ma tentative de le taquiner. J’ai titillé la corde sensible.

-Il n’y a rien que je puisse faire pour me faire pardonner, avant de partir ?