Je n'allais pas la contredire en plein milieu de ses excuses, je n'allais pas la contredire du tout, en fait ! Les mots idiote écervelée étaient d'ailleurs particulièrement bien choisis et j'en aurait même eu deux trois autres à lui proposer pour ajouter à son explication bancale.

- Ce qui serait parfait, c'est que tu n'ai rien à te faire pardonner ! J'aurais pu plaisanter sur les avantages que je pouvais tirer de ses maladresses, comme le fait qu'elle allait devoir se plier en quatre pour essayer de retomber dans mes bonnes grâces. Mais j'en avait assez pour aujourd'hui niveau insubordination. Son attitude était celle qu'elle avait toujours, quoi qu'un peu plus poussée, mais le fait qu'elle est choisi ce lieu ou j'étais incapable de réagir à ma guise empirais son cas. La remarque sur Cassie... celle là avait déjà eu du mal à passer. Car s'il y avais une chose que je détestait, c'était qu'on utilise cette rumeur contre moi. Surtout si on considérait la réaction qu'avait eu Lucifer face à ça ! Ajoutons à ça sa remarque sur Jake et elle m'avais mis de travers plus qu'il ne fallait pour son propre bien.

- Je n'aime pas qu'on me manque de respect, tout comme je n'aime pas que tu te permette ce genre de... civilités. J'expirais bruyamment, exprimant mon agacement par la même occasion.

- Peut être que Kai à raison ! Certains peuvent croire qu'il y a des privilèges, si toi même tu te crois autorisée à me parler de la sorte ! Après tout... si cela avait été un homme à ta place, il aurait eu des difficultés à garder sa tête sur les épaules ! La seule chose qu'il aurait eu pour lui, aurait été ses actes passés et ses réussites, mais même là, un démon ne respectant pas ses supérieurs devenait très vite un handicap. J'avais vu la chose avec Saul. Il y avais toujours eu de l'animosité entre lui et moi. Je ne l'avais jamais tué, car il était efficace malgré cela. Ajoutons à cela que trucider tous nos démons n'était pas la meilleure manière de gagner cette guerre. Mais pourtant, si je l'avais tué ce jour là chez Cassie... j'aurais évité pas mal d'emmerdes ! Il était peut être temps de rappeler à tous ce que nous étions Kobal et moi. Lucifer serait surement d'accord avec moi sur ce point, il n'était pas temps d'accepter les débordements ! Une poigne de fer, il n'y avais rien de meilleur pour inspirer la peur, même chez les démons. Car si le respect ne pouvais pas être forcé, le reste suivais même chez les traitres.

- Alors convenons de quelque chose d'autre ! En dehors de notre... jeu; tu ferais mieux de te passer de remarques du genre, ou je me verrais obligé de montrer l'exemple de manière moins diplomate que la dernière fois ! Je ne demandais pas son accord, bien entendu. En fait, je la menaçais totalement. Ses piques quand il s'agissait de nos jeux et de relations plus... intimes. Je pouvais m'en accommoder, mais quand elle venais comme aujourd'hui pour faire des comptes rendus de mission, mieux valait pour elle qu'elle s'en tienne au strict minimum.

- On s'est compris ? Demandais-je finalement, ajoutant avec ce ton sec une note plus poussée pour afficher mon mécontentement. Ce n'était pas seulement pour remettre les points sur les i cela dit; ça aurait une toute autre utilité plus tard, si elle voulais vraiment se faire pardonner. Plus ma colère était grande, plus elle aurait de travail pour y remédier.

- Cela dit, avant de partir... je lui tendais les draps qu'elle m'avais rapportée. Tu sais ou ils vont ! Lui intimais-je presque d'aller les poser chez moi. Grâce au don que je lui avais confié, ce serait un jeu d'enfant pour elle; et elle aurait peut être la présence d'esprit de trouver une manière de se faire pardonner avant notre prochaine rencontre.

Je ne pouvais lui enlever. Ca aurait été parfait si je n’avais rien à me faire pardonner. Mais ça ne serait pas moi si je n’avais pas quelque chose à me faire pardonner. Pourtant, j’étais consciente d’être allée trop loin ici. Je l’avais frustré de ne pas pouvoir me punir comme il voulait et à présent je devais encaisser chacune de ses paroles, comme des coups de poings en plein ventre. Mon égo en était fortement touché quand il mentionna Kai et les rumeurs à mon sujet comme quoi je devais ma position que parce que j’étais jolie. Tout en moi voulait se rebeller face à cette accusation. Je n’étais vraiment pas comme ça. Si j’en étais arrivée là, c’était bien avant que Sytry décide qu’il voulait me mettre dans son lit. Personne ne pouvait contester ma loyauté envers les Lieutenants et Lucifer. Je faisais toujours passer le boulot avant le reste. Toujours. Pourtant, je préférais me taire. Parce que j’étais sure que Sytry me tuerait purement et simplement si je ripostais. Alors je me taisais, baissant les yeux en une attitude soumise. Je ne pouvais pas soutenir son regard, non seulement parce qu’il semblait vraiment en colère et aussi parce qu’il pourrait le prendre comme un affront et j’avais assez fait de conneries comme ça pour la journée.

-Très clair.

Aussi clair que de l’eau de roche. Enfin en apparence parce qu’en réalité, je ne savais jamais de quel pied danser avec lui. Un coup mes remarques lui plaisaient, un autre non. Je supposais que j’avais mal choisi mon lieu pour lui lancer mes railleries habituelles. Je ne savais pas si je serais capable de lui tenir tête, même en lieu plus intime comme il disait si bien. Ca m’avait bien refroidi et je n’avais pas envie d’entrer dans une relation plus que ambigüe avec le Lieutenant de Lucifer. J’attrapais le sac qu’il me lançait au dernier moment alors que je me préparais à m’éclipser. Je ne pouvais pas vraiment passer par la porte vu que je ne l’avais pas emprunté à l’aller. Un léger sourire pervers se dessina sur mes lèvres.

-Tout à fait, répondis-je avant de m’évaporer.

J’atterrissais chez Sytry, dans sa chambre plus précisément. Je me demandais comme ça se faisait qu’après m’avoir passé un savon pareil, il me demandait de rentrer chez lui dans sa chambre pour y mettre les draps. En temps normal, j’aurais juste posé le sac, mais je voulais quand même me faire pardonner. Je lui faisais donc le lit avec attention. Une petite idée me vint à l’esprit. Furtivement je m’enlevais la culotte et je la glissais sous l’oreiller. Comme ça il saurait que j’étais chez lui sans rien sous mon short. Maigre consolation, mais j’espérais quand même que ça le ferait sourire un peu.