Toute sa vie, repasse inlassablement en boucle dans… sa tête ?

D’aussi loin qu’il se rappelle, un enfant heureux, joyeux, aisé, privilégié. Une mère aimante et affectueuse, mais fière et volontaire. Un père strict, mais juste, avocat renommé, Maître Malcolm Hamilton choisit toujours ses cas avec soin, parce qu’il est mal vu d’envoyer ses clients en prison, mais il n’y a rien de honteux à ce que les clients coupables reçoivent une peine juste et équitable. L’idéal est de toujours représenter les gens biens. Matthew a donc toujours vécu dans une famille de leader qui favorise une certaine justice, bien que plus tard, il se soit bien rendu compte que la justice n’est qu’une croyance comme les autres. Élevé également avec le principe de bien réfléchir avant d’agir et de tenter de ne nuire à personne.

Ce n’est pas vraiment sa tête, n’est-ce pas ?

C’est dans cet esprit que s'est rapidement formée la future profession de Matthew. Médecin. Donc dès la plus jeune âge, Matthew a toujours été sérieux et studieux (et non «c’tu Dieu ?») et performant, pour arriver à ses fins. Sportif, parce qu’il sait qu’il sait déjà qu’il devra être résistant pour satisfaire les exigences de son métier. Il ne savait pas à cette époque à quel point être résistant allait devenir important. Des études brillantes avec beaucoup de cours en supplémentaire pour avancer plus vite et pour avoir le plus de connaissances possibles. Les acquis, c’est important. Il découvre son don un peu par hasard. Il a réfléchi à un bouquin et le bouquin en question a glissé devant lui. Il s’amuse, à temps perdu, à le contrôler. Il réussit ses études avec brio et obtient son diplôme, mais décide de bifurquer légèrement et de se diriger vers la chirurgie.

Ce n’est pas vraiment sa vie n’est-ce pas ?

Il en a vécu des choses en à peine dix ans. Les années les plus fortes de sa vie. Avec Elena et les enfants en point culminant. Parce que c’est tout ce qui compte n’est-ce pas ? Elena, Jaymee et Chris. Il n’y a eux qui comptent vraiment. Surtout les enfants, parce qu’il est parfaitement conscient que ses actions et celles d’Elena les mettent en danger constant, même s’ils sont protégés comme très peu ont la chance d’être protégé. Et ils sont à peine en âge de commencer à comprendre. S’il était le seul à choisir, il préférerait probablement faire l’autruche, mais ce n’est plus possible maintenant. Alors il fait attention. Il est prudent. Très prudent. C’est Elena qui est le plus à risque. Et sans Elena, il ne reste que lui pour les enfants. Ses enfants qui ont à peine huit ans…

Et pourtant, cette émotion, il la connaît.

Mais c’est difficile de se concentrer dessus à travers la rage, la colère et la haine. Et la douleur. Tellement de douleur.

Mais brusquement, j’ai eu une sensation étrange. À travers la douleur, j’ai senti une pointe de soulagement, une porte de sortie. Je l’ai reconnu tout de suite. Et j’y ai plongé. Ouais, jolie métaphore. Je n’ai tout d’abord pas bougé. Au cas où ce soit un jeu cruel. Mais non, j’ai senti le vent. Je n’avais pas senti le vent depuis longtemps. J’ai aussi senti des odeurs. Des odeurs que j’ai reconnu, mais d’autres que je n’ai pas reconnu. J’ai ouvert les yeux. La lumière m’a brûlé les yeux. Merveilleux ! J’ai osé bouger. Il y a eu de la douleur, mais rien comparé à ce que je subissais quelques fractions de secondes plutôt. J’ai levé la main et touché le visage. J’ai senti l'éraflure des débris sablonneux que ma main a écrasés sur mon visage. Ah, non, c’est vrai, sur le visage de Matthew. J’ai regardé la main. Oui, c’est bien Matthew. Mais qu’est-ce qu’il fait par terre ? J’ai tourné la tête. Un regard mort me fixe à moins d’un mètre. Oui, le visage est mort, je reconnais ce regard. Je crois que plus loin il y en a un autre. Je tourne la tête de l’autre côté. Il y en a d’autres… beaucoup d’autres… trop pour que… c’est… relativement silencieux… il n’y a pas âme qui vive, c’est le bon terme, autour de moi. Cette fois, je me redresse. La tête de Matthew tourne, mais j’ai connu pire. Je regarde autour de moi. Il y a des morts. Beaucoup plus que je m’attendais… je sens l’âme de Matthew, mais il est abîmé… il doit se reposer… bien… très bien. Tant mieux pour moi, je ne le réveillerai pas. Un ricanement s’échappe de ma bouche. J’ai le champ libre. Je me lève debout. Je chancelle un peu, mais je ne trébuche pas. Oui, il y a des morts… trop… qu’est-ce qui s’est passé ? Matthew est trop abîmé pour me partager ses derniers souvenirs. Ça doit être gros… je ne dois pas rester ici.

Wow, c’est plus facile que la première fois.