J'avais prévenu Matt de ma visite à Damon. Maintenant que le couvre-feu était levé et qu'en prime, Damon avait enfin droit aux visites... Je ne voyait plus rien qui me retenait de venir le voir. Je savais que ça ne faisait pas extrêmement plaisir à mon mari, mais je ne pouvais pas dire tout ce que j'avais à dire au téléphone et je doutais qu'il réponde lui aussi par ce biais.

En face à face, ce serait plus simple, même si on devait se parler à travers une vitre de sécurité. J'avais attendu mon tour, était passée par les différentes étapes de sécurité de la prison et quand enfin on m'ouvrait la porte, je forçais une grande inspiration et un léger sourire pour ne pas paraître défaitiste quand il me verrait entrer. Il ignorait probablement qui était venu le voir, mais j'espérais pouvoir lui donner un semblant de bonne nouvelles et lui soutirer une explication.

En voyant la salle et les personnes assissent sous la surveillance des gardiens, je comprenais. Mon contact avait réussi à nous offrir une visite avec un niveau de sécurité moins élevé. Je n'allais pas m'en plaindre; s'il avait fallu que je lui parle au travers d'un combiné et d'une vitre... ça aurait compliqué la chose.

▬ Salut.

Ils l'avaient installé sur une petite table au coin de la pièce. J'allais le prendre dans mes bras, un réflexe stupide, comme si j'avais oublié ou nous nous trouvions. Je m'arrêtais en route en voyant le signe négatif qu'avait fait le gardien avec sa tête. Je m'étais assise face à lui et reprenais :

▬ Comment tu vas ? Est-ce que... Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Je ne pensais pas un jour me retrouver dans ce genre de lieu. Je suis un démon, je suis censé être au-dessus des lois humaines et ainsi ne pas être forcé à être retenu contre mon gré. Tout cela, c’est beau sur papier. Si seulement l’orange m’allait, mais non même pas. J’ai l’impression d’être une clémentine ambulante, ou plutôt une carotte. Ici, rien que pour avoir du dentifrice, il faut négocier. En arrivant, ma réputation ne m’avait pas aidé à me faire des amis. Assassiner une pauvre femme, innocente, et naïve. Seuls les psychopathes, les tueurs en série m’avaient salué. super Tuer une femme, c’est tout simplement ne pas avoir de couille dans le milieu… même quand la femme en question est une chieuse. Bref, malgré que je clame encore et encore mon innocence, je suis toujours dans ce trou à rat. Il y en a un qui doit bien se marrer, et ce n’est autre que Sytry. Bref, au moins je suis encore en vie. Je sens un peu trop le poney, mais je vis. N’est-ce déjà pas beaucoup ? surtout quand on s’est attiré les foudres de Sytry ? qu’il aille se faire foutre bien profond. Je ne plierai pas… même si parfois j’ai bien envie d’abattre certaines personnes qui sont censées être mes compagnons de galère.

Je fus le premier étonné lorsque le gardien m’annonça que j’avais de la visite. Qui allait venir ? je n’espérais vraiment pas qu’il s’agirait de l’autre connard venant savourer sa victoire. Je doute pouvoir garder mon calme, même au milieu de tous ces humains. Ma surprise fut grande en voyant Elena entrer dans la pièce. Moi qui pensait qu’elle finirait par m’oublier, puisqu’après tout je ne suis qu’un démon… un allié certes, mais pas quelqu’un de fréquentable. Je m’approchais d’elle, en ayant l’envie de la prendre dans mes bras, de sentir son odeur… sentir autre chose que la pisse, ou la mauvaise lessive des tenues. Je fus vite arrêté par le surveillant. Je contractais la mâchoire, ne disant pas un mot avant de m’installer à nouveau.

▬ Salut répondis-je en me demandant bien par où je pouvais commencer. Le garde s’éloigna en nous laissant une virtuelle intimité. Cela fait une semaine que j’ai été transféré avec les prisonniers lambda. Avant, je me trouvais dans un secteur fermer, sans avoir le droit aux visites, et en ayant qu’une heure de sortie dans la cour de la prison, sous haute surveillance. Mon comportement m’a donné le droit à un peu plus de liberté. Si on pensait que je pouvais rebasculer dans le mal, dans les rangs de Lucifer avant mon arrivée ici… maintenant il n’y avait plus aucune raison pour qu’on me soupçonne de retourner un jour ma chemise. Ma patience est mise à rude épreuve, mais jamais je n’ai fait du mal à un humain… sauf peut-être une fois, un coup de poing en pleine mâchoire d’un gars qui souhaitait me saigner.

▬ Oui ça va. J’ai connu pire… as-tu des nouvelles ? on refuse de me communiquer des informations sur mon dossier. Et mon avocat a encore du lait sur le bout de son nez… Tu sais bien que je ne l’ai pas tué ? ajoutais-je en lui lançant un regard inquisiteur. Cassie était son amie, une amie proche… Avait-elle pensé une seconde que j’avais pu l’abattre ? et surtout d’être assez con pour me faire tauper ! je pouvais dire adieu à ma carrière d’avocat, même si je finis par être déclaré innocent. Les clients n’aiment pas se faire défendre par un mec qui a un casier.

▬ Et toi, comment vas-tu ? demandais-je en prenant le temps de la regarder. La seule belle image que j’aurais de ma journée… et je ne peux même pas me rabattre sur la bouffe ou le whisky.

Je n'étais pas ici simplement en tant que résistante, et je n'était certainement pas venue pour lui demander s'il avait tué mon amie. Je savais que ce n'était pas lui ! Sans équivoque, sans aucun doute.

Si j'étais là, c'était pour comprendre et savoir un peu plus de choses. Mais j'allais également lui faire par de quelques nouvelles. Lui dire que nous avions eu son message pour ce Zadkiel... pour le sauvetage qu'on avait mené.

J'allais lui dire un paquet de choses, cela dit, la vérité, c'était qu'avant toute chose... je voulais voir comment il allait. Il disait aller bien et avoir connu pire et je n'allais pas remettre en doute la parole de quelqu'un qui avait connu l'enfer. Je faisait au contraire une moue qui indiquait bien que j'imaginais et écoutais le reste de ses mots.

Des nouvelles ? Sur certaines choses oui, sur son affaire... malheureusement c'était assez limité. J'allais le lui dire, confier le peu que je savais quand il avait enchainé avec une question, LA question. Tu sais bien que je ne l’ai pas tué ?

▬ Bien sur ! Tu n'aurais jamais fait ça. Pas à mon amie, plus maintenant... Quelqu'un te piège, c'est évident. Je... j'aimerais pouvoir t'aider. Te dire ce que tu veux sur ton affaire, mais tout ce que je sais c'est ce que disent les journaux. Des preuves dans le journal de Cassie, d'autres trucs du genre... Ils ont l'air d'avoir un dossier en béton armé.

Je soufflais, las de savoir que je ne pouvais pas lui en dire plus sur le sujet . Las de ne rien pouvoir faire pour le sortir de là. Il avait fondé la rébellion, le monde avait besoin de lui et il était coincé dans une cellule de six mètre carrés pour ne pas révéler ce qu'il était...

▬ Je vais bien ! Fis-je avec un sourire. Il s'inquiétait pour moi, alors qu'il était derrière les barreaux ? Je devait bien avouer qu'avec la vie que je menais il y avait matière, mais... la situation était quand même légèrement drôle.

▬ Ne t'inquiètes pas pour moi, ou pour ton message... On l'as reçu ! On a libéré ce Zadkiel des démons de Lucifer. Rébellion et résistance, de concert.

Je prenait sa main machinalement, pour le rassurer et voyais le regard du garde et son signe de tête automatique. Je lâchais ma prise aussitôt avant d'ajouter :

▬ Tu sais qui t'as fait ça ? Qui t'as envoyé ici ? Comment je peux t'aider ? Dis-moi, on s'organisera avec Jaden, on trouvera une solution...

Si Elena me pensait coupable, elle ne serait pas venue me rendre visite. Néanmoins, je souhaitais entendre ces mots de sa bouche, et j’en fus réellement soulagé… comme si quelque chose venait de se décharger de mes épaules. C’était une première de m’inquiéter de ce qu’on pouvait penser de moi. D’un naturel je m’en foutiste, et depuis des années, cela me paraissait encore étrange, et en même temps naturel lorsqu’il s’agissait de Elena.

Ma mâchoire se contracta à l’évocation de l’affaire en cours sur mon dos. Oh tout était correctement ficelé, un vrai chef d’œuvre. Je n’avais rien vu venir. Oh j’aurais pu abattre d’un claquement de doigts les hommes qui étaient venus m’arrêter. D’ailleurs cela m’a effleuré l’esprit pendant un cours instant, mais je n’en avais rien fait. Je m’étais laissé embarqué comme un con à cause de principe à la con… mais qui font de moi ce que je suis aujourd’hui.

▬ Oh oui, tout est calculé de A à Z, mais tout dossier à une faille… Je suis doué pour les dénicher, sauf que je ne peux pas taffer sur mon propre dossier. Ma carrière d’avocat était fichue de toute manière. Ce n’est pas que je suis triste, mais en plusieurs siècles, c’est l’un des rares métiers que j’ai adoré exercer. Maintenant je suis considéré comme un meurtrier, une crapule, un paria, jusqu’à preuve du contraire. Bien que, même si je suis innocenté un jour, je sais pertinemment que personne ne voudra se laisser défendre par un ancien tolard

▬ Tes enfants également ? demandais-je réellement intéressé par sa réponse. Quant à son époux, je présumais qu’il allait bien… peu importe.

▬ Justement j’allais te demander… tant mieux… au moins je peux me rendre encore un peu utile. dis-je en esquissant un sourire en appréciant ensuite sa main sur la mienne, même si cela fut de courte durée.

▬ Tu me manques… lâchais-je avant d’enchaîner sur des choses plus sérieuses et moins romanesques. Je ne sais pas. J’imagine que Sytry ne doit pas être étranger à tout cela. Cela l’arrange bien, je suis écarté de l’échiquier faute de pouvoir m’atteindre pour me tuer.

▬ Tu veux que je te trouves un bon avocat ?

Je lui avais dit tout ce que je savais sur son affaire et j'étais désolée de ne pas pouvoir en dire plus. Mais les forces de l'ordre étaient très discrètes sur les affaires en court et le peu d'infos avait été fuitée par la presse uniquement. J'aurais pu chercher de mon coté, mais je n'était pas jouasse à l'idée d'utiliser la résistance et ses ressources pour ça.

Non pas que je pensait qu'il ne méritait pas mon aide, j'avais été claire sur le sujet. Je voulais l'aider ! Mais on devrait faire à deux, Jaden et moi et mettre de coté les autres. Je ne pouvais clairement pas demander aux résistants de se mettre en danger pour un démon, peu auraient comprit ou accepté, rebelle ou non.

Moi, c'était différent. Notre relation était particulière et avec lui, j'arrivais à voir au delà du démon. C'était facile, parce qu'il était toujours doux et tendre avec moi. Ses mots, ses gestes... il continuait dans ce sens même là qu'il était en prison. Il s'inquiétait pour moi, pour mes enfants...

▬ Ils vont bien aussi. Ils habitent une vrai forteresse, après tout. Fis-je avec le sourire, essayant de lui changer les idées et les miennes également.

J'avais pensé à mentionner le déchu et le sauvetage, ça aussi ça pouvait l'aider un peu. D'ailleurs il l'avait vite confirmé, suggérant qu'il servait au moins à quelque chose.

▬ Bien sur que tu peux ! Et... on trouveras une solution, ne t'en fais pas, je... Je m'étais arrêter en entendant ses mots suivant. Tu me manques. Je souriais, tendrement alors qu'il venait de démontrer pourquoi je voulais tant l'aider.

▬ Moi aussi, tu me manques. Jaden fait du bon boulot, mais... j'espère qu'on va pouvoir y faire quelque chose. Je voulais lui offrir un geste compatissant, prouver mes dires, mais je voyais bien le gardien qui nous surveillait et me ravisait.

▬ Sytry ? C'est...

je me penchais légèrement pour chuchoter :

▬ C'est pas un des lieutenants de Lucifer ça ? Ce nom je l'avait entendu quelques fois et c'était tout ce que j'avais eu, un nom et son statut. Rien pour m'aider à savoir à quoi il ressemblait, ou il se trouvait et de ce que j'avais compris... je ne voulais pas savoir !

▬ Tu penses vraiment ? Pourquoi ?

Voir Elena en face de moi, ne faisait que me rappeler que j’étais coincé ici alors que Jaden avait besoin de moi à l’extérieur. Il était censé être sous ma « protection » et non prendre les choses en main à ma place. J’étais totalement frustré d’être ici, coincé avec les rebus de la société, bien que j’en soi un moi aussi. Je luttais chaque jour pour ne pas perdre mon sang froid, ce qui est loin d’être évidant vu ma nature. Je fais tout pour être un prisonnier modèle, pour ne pas participer aux bagarres et ainsi mettre toutes les chances de mon côté. Or, je ne pouvais pas maintenant cet état de calme longtemps, les prisonniers aiment se chercher entre eux, et un jour j’allais finir par en tuer un s’il s’approche de trop près. Je suis un avocat, j’en ai protégé certain à une époque, avant de les envoyer en prison un par un lorsque j’ai eu ma prise de conscience. Inutile de préciser, que certains de mes anciens clients sont plutôt rancuniers, et sans oublier que de tuer une femme est assez mal vu par ici.

« Oui c’est ça, mon ancien chef qui n’a jamais pu me sentir » Il ne m’avait jamais apprécié, et moi non plus. Il m’avait laissé tranquille uniquement parce que je faisais du bon boulot, et moi à l’époque je respectais mon supérieur, comme tout démon intelligent qui veut rester en vie et acquérir de de la puissance. « Mais inutile d’enquêter à son sujet, il est bien trop malin, trop puissant pour ça. » dis-je en accentuant sur le fait que ce n’était pas une piste à suivre.

« Il faut juste me trouver un avocat qui puisse démonter les arguments et les indices qui m’accusent. Je ne l’ai pas tué, et ça faisait même un moment que je ne l’avais pas approché. »Il fallait que je trouve un nom, quelqu’un qui soit assez audacieux et fou pour vouloir me défendre. « Contacte Jack Miller, il m’en doit une… c’est un bon avocat, un peu brouillon mais très charismatique et calculateur. Le seul ic c’est qu’il est humain, j’ai peur qu’il lui arrive quelque chose s’il se lance dans ma défense » C’est pour ça que je n’avais pas parler de lui auparavant, mais là ma situation devenait critique et je ne pouvais pas assurer ma défense moi-même.

Quand je lui avait proposé de lui trouver un avocat, je n'avais pas songé une seconde que le coupable de son emprisonnement était aussi puissant. Je ne savais presque rien des lieutenant de Lucifer, mais je savais ce qu'ils étaient : anciens, puissants et plus dangereux que tous les démons que j'avais jamais vu. Damon n'allais d'ailleurs pas me contredire, puisqu'en confirmant mes craintes, il avait ensuite ajouter des mots pour me dissuader d'enquêter sur lui.

▬ Si c'est lui, si... c'est trop dangereux pour moi avec mes ressources... Est-ce que ce n'est pas bien pire pour lui ? Ce... Jack Miller ? Est-ce qu'il sait au moins pour les démons ?

Damon semblait craindre pour la vie de l'avocat s'il essayait de l'aider et je devais bien avouer que moi aussi. Si je ne devais pas interférer pour ma protection, qu'en était-il de lui ? Nous ne pouvions pas le mettre sur l'affaire et le mettre dans un tel danger s'il ignorait dans quoi il foutait les pieds !

▬ Je veux t'aider. Vraiment. Mais... je ne suis pas certaine que ce soit la solution. Si on fait quelque chose d'aussi frontal, d'aussi visible...

Je ne terminait pas de suite ma phrase, réfléchissant à la façon dont j'allais formulé la suite.

▬ Damon... S'ils se sont donné autant de mal pour te mettre en prison. Tu crois vraiment qu'ils vont s'arrêter à la vie d'un humain ?

Je ne voulais pas spécialement affronter les lieutenants. Mais je pouvais essayer d'enquêter plus discrètement que l'aurait fait l'avocat. Je pouvait apprendre des choses qu'il ne pourrait pas apprendre et ce, sans trop faire de vagues.

▬ Je veux essayer de trouver des choses. Des solutions. Je sais que c'est dangereux, mais... je ferais en sorte de ne pas éveiller les soupçons. Je serais discrète... Et... pour ce qui est de ton avocat... Peut être qu'un avocat commis d'office qui te crois coupable sera plus simple. Histoire de... les laisser croire qu'ils ont gagné ?

Je réalisait que c'était beaucoup lui demander, non seulement parce que je prenais des risques qu'il voulait apparemment m'éviter. Mais aussi parce que c'était sa vie qui était en jeu. Il avait beau être immortel, passé son temps entre ces murs ne devait pas être agréable, pour quiconque.

▬ Je suis désolée... c'est tout sauf idéal. Mais... tu me fais confiance, non ?

Je commençais à devenir fou, enfermé entre les murs de cette prison. Si ça continuait, j’allais finir par commettre un meurtre. Je n’ai rien de comparable avec les raclures de cet endroit. Je ne suis pas un agneau, loin de là, j’ai commis des actes qui pourraient faire pâlir un criminel endurci… mais rester avec ces meurtriers puants, concourants pour savoir qui pisse le plus loin, non ce n’était pas mon truc. Ici, il fallait pleurer pour avoir un shampoing, ou pour avoir quelques minutes de temps libre pour téléphoner. J’avais survécu à l’enfer, je m’étais fait torturer, mais pour la bonne cause si on peut dire. Là, j’étais une pauvre merde qui attendait son sort comme un simple mortel. Il n’y avait rien de plus insultant. hum… Moi, avec un avocat commis d’office ? lançais-je en prenant un air insulté avant de me décrisper. Ok… de toute manière je n’ai pas vraiment le choix ! autant me rabaisser jusqu’au bout ! dis-je d’un air renfrogné. J’étais un grand démon, un combattant, le rebelle démoniaque le plus effronté, et maintenant que suis-je ? un prisonnier qui pourrait s’enfuir à tout moment mais qui par stratégie ou stupidité reste docile.

Discrète ? Tu es sur leur tableau de chasse Lena… Ils savent très bien que tu m’as fait changer ! dis-je en me contractant rien qu’à l’idée de la savoir en danger. et en plus tu es un peu la chef de la résistance, non ? je croisais les bras en plongeant mon regard dans le sien et mère de deux têtes blondes, je ne peux pas que tu te mouilles pour moi, je ne serais pas là pour te protéger

Oui je te fais confiance entièrement

Je savais que l'avocat commis d'office était une proposition difficile à accepter et avaler. Mais si Damon avait raison et si le danger était si important... C'était peut être la meilleure solution pour brouiller les pistes. S'il montrait qu'il ne voulais pas se défendre et acceptais la défaite... personne ne serait en danger, non ? Et de toute façon, il connaissait le droit et était suffisamment bon dans son job pour ne pas avoir besoin de quelqu'un de compétent ou qui croyait en lui.

▬ Hum… Moi, avec un avocat commis d’office ? Ok… de toute manière je n’ai pas vraiment le choix ! Autant me rabaisser jusqu’au bout !

En l'entendant dire ces mots, j'avais l'impression qu'il perdait espoir de sortir un jour d'ici. C'était peut être juste moi, et mes craintes qui s'exprimaient. Mais je m'en voulais de lui donner ces conseils là et j'aurais voulu pouvoir prendre sa main pour le réconforter. Mais je ne le pouvais pas et à la place, j'avais essayé de l'exprimer du mieux que je pouvais.

▬ Je suis désolée. Je sais que ce n'est pas le genre de choses qu'on doit vouloir entendre quand on est ici. Mais... Si tu te défend trop... Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Qui sais ce qu'ils peuvent faire s'ils ont l'impression que tu vas t'en sortir ?

Je voulais l'aider, le conseiller. Mais au final je ne pouvais le forcer à rien. Et vu ce qu'il semblait penser de mes recherches... Nous risquions d'être coincés et de ne rien avoir à faire pour l'aider.

▬ Non je... je sais. Ils s’attendront sûrement à ce que je veuille t'aider. Mais, je ne peux pas rester sans rien faire...

Il avait raison, si jusque là il ne voulait pas que je m'en mêle et cherchait à me protéger. Ce n'était pas en enquêtant que j'allais exaucer ses demandes. Pourtant, il avouait me faire confiance, entièrement. Et je ne pouvais pas me résoudre à ne rien faire. Ne rien proposer.

Je baissais le regard, posant mes yeux sur ses mains que je ne pouvait même pas toucher pour un peu de réconfort, et réfléchissait. Est-ce qu'il y avait une solution ? Est-ce qu'il y avait quoi que se soit à faire pour lui éviter la peine capitale ou... La peine capitale ! Je me répétais les mots mentalement, ayant soudain eu un élan de lucidité.

▬ Damon, la peine de mort est toujours appliquée en Californie.

Les exécutions n'étaient pourtant pas forcément programmées, même si je n'était pas aux faits concernant les vrais raisons et compagnie. Mais la peine de mort restait active et applicable en théorie.

▬ Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui se passerait en cas d'injection létale ? Je veux dire... ça ne peut pas te tuer ! Ils... ils ne pourraient pas appliquer une autre sentence.

Est-ce qu'il serait relâché ? Est-ce que ce serait pas aussi dangereux que de chercher à échapper à la prison, vis-à-vis des démons qui l'ont coincé ici ? Et l'issue... Attendre si longtemps en prévision d'une injection ?

▬ Désolée, c'est... je n'aurais pas du mentionner ça. Ce n'est pas une solution envisageable. C'est... un plan H tout au plus.