Comment j'étais arrivée là, au juste ? Je ne m'étais pas retrouvée dans ces bureaux depuis fin 2022. Plus d'un an et pourtant j'étais là, dans Ambden investigations. Jace n'était plus en ville, il était on ne sait ou, alors... pourquoi ? Comment et pourquoi ? C'était deux questions censées et importantes, pourtant je n'obtenais pas de réponse. Ni avec ce que je voyais autour de moi, ni en réfléchissant de mon coté.

Est-ce que j'avais oublié pourquoi j'étais venue ? Est-ce que je l'avais su ? J'avançais, passant le bureau que j'occupais autrefois pour entrer dans celui qui était celui de Jace en temps normal. Et c'est là que je l'avais vu, comme James à l'époque. Même scène, différent lieu, différente personne. Mais un dénominateur commun : moi. Jace, mort étendu sur le sol, tout comme j'avais retrouvé James.

« Non, non, non... » J'avais couru vers sa dépouille, pris son pouls, au cas ou. Mais je savais déjà ce qu'il en était.

« Jace... » J'avais tout de suite senti les larmes couler et m'étais laisser tomber sur le sol. Tous mes proches, un à un, c'était comme une malédiction. Je restait là, pétrifiée et en pleures. Pourquoi je n'appelais personne ? Je l'avais fait pour James. Je devais le faire. Tom voudrais savoir. La résistance devait savoir. Je devais prévenir et nous devions réagir...

Au prix de grands efforts, j'avais saisi mon portable et attendu les sonneries entre mes sanglots. Mais les sonneries ne semblaient pas s'arrêter et personne ne décrochais. Qui j'avais appelé au juste ? Tom ! Oui, c'était ça. Mais il ne répondait pas. Je devais appeler la police, mais pas avant d'avoir joint la résistance pour faire marcher nos contacts dans la police, non ? J’appelais de nouveau, rien. Les sonneries semblaient retentir dans le vide. J'étais seule, avec Jace sans vie à mes cotés et j'ignorais quoi faire.

« Je suis désolée... » Je m'étais penchée sur lui, les larmes coulant toujours. Si personne ne décrochais, j'aurais du savoir quoi faire, non ? Je le savais ? Peut-être que j'étais trop affectée pour savoir. Pour me rappeler. Ou peut-être que c'était autre chose.

Autre chose ? Autre chose, mais quoi ? Non, c'était stupide. J'avais essuyé quelques larmes et tenté de prendre une inspiration, même si c'était purement inutile. Puis, j'avais tenter de nouveau d'appeler. Tom toujours. Pourquoi je n'appelais que lui ? Pourquoi il ne décrochais pas ? J'écartais mon oreille de mon portable et cherchais pour appeler quelqu'un d'autre à la résistance. Oui ! C'était ça que je devais faire ! Pourquoi je ne l'avais pas fait avant ? J'ouvrais mon répertoire, mais on aurais dit que la mémoire du téléphone avait été effacée. Seul le numéro de Tom était encore enregistré.

« Quoi ? NON ! » Je ne pouvais pas faire ça à Jace. Je ne pouvais pas appeler la police et compliquer les choses. Je ne pouvais pas faire ça vis-à-vis de la résistance...

Ma respiration s'accélérait et les larmes s'intensifiaient. Non seulement Jace avait été tué, mais je ne pouvais rien faire d'autre que pleurer ? Ou appeler la police et prendre des risques inutiles, que ni lui, ni Tom, ni personne au QG ne voudrait que je prenne...

Je dois faire quelque chose... je dois trouver une solution ! Je ne peux pas rester là, sans rien faire. Je lui dois mieux que ça... J'avais regardé mon téléphone un instant, si je ne pouvais pas joindre Tom, j'allais devoir appeler la police. Mais je devrais nettoyer les lieux moi. Tout vérifier. Le 911 était facile à retenir, pas besoin du répertoire. Mais je ne pouvais pas le composer tout de suite.

Je m'étais redressée, d'abondantes larmes couvrant mes joues. Je les avaient essuyées du revers de ma manche, pour être tranquille jusqu’à ce que les prochaines coulent jusqu'en bas. Et j'avais commencé par vérifier le dessus de son bureau. Deux trois papiers, un dossier et...

« NON ! » Pitié pas ça... J'avais vu des noms bien trop familiers. Des notes et des recherches qui m'avaient retourné l'estomac. POURQUOI ? Il savait que je ne voulais plus chercher, il savait ce qui était arrivé à James pour avoir voulu me donner des informations sur le meurtre de mon père. Pourquoi avait-il cherché ? Pourquoi... pourquoi toutes les personnes que j'aimais mourraient à cause de moi ?

Je m'écroulais au sol, le dos contre le coté du bureau, Jace à moins d'un mètre de moi. Pas de résistance, personne pour m'aider et tout était de ma faute en plus de ça...

Il fallait que je me reprenne, il fallait que je détruise ces documents ! Personne ne devait les voir. Plus personne ne devait chercher quoi que ce soit. Plus personne ne devait mourir à cause de ça, à cause de moi. Je tentais de me relever, mais mes jambes n'arrivaient pas à me porter. Alors, je faisait encore une tentative avec le téléphone. Mais toujours rien. J'avais laissé trente fois dans le vide. Trente fois ? Pourquoi son répondeur ne s'était pas déclenché ?

Le point positif, c'était que mes jambes fonctionnaient de nouveau. Les larmes s'étaient arrêtées aussi. J'ignorais pourquoi. Plus de larmes en moi ? Plus de forces ? Plus de... je ne sais quoi. Je faisait un geste pour prendre les documents sur le bureau, mais plus rien. Il n'y avait plus de documents. Est-ce que... je les avaient détruits ? Est-ce que j'avais eu un trou noir vu mon état ? Je ne les avaient pas imaginés, si ? NON ! Ils étaient là ! Je fouillait frénétiquement, mais il ne restait plus rien que des feuilles volantes sans importance. Du genre de celles qu'il avait resté une fois le bureau vidé et Jace et moi partis il y a plus d'un an.

Les preuves surnaturelles étant détruites, il faudrait que je prévienne la résistance de vive voix, tôt ou tard. Ils s'occuperaient du reste non ? Du reste... Je baissait le regard et en voyant Jace, les larmes coulaient de nouveau. La police, je devais appeler la police... C'était la seule chose à faire, surtout maintenant que les preuves n'étaient plus. Je composait le 911 et attendais, une, deux, trois sonneries, quatre... Comme avec Tom, personne ne décrochais. Personne ne répondait.

Il n'y avait personne pour me venir en aide. Absolument personne. Et Jace était... Jace...

Je me tenais, recroquevillée à coté de son corps inerte, en pleures. J'aurais probablement du faire quelque chose d'autre. Je savais mieux réagir normalement, non ? Je m'étais levée, presque dans un sursaut quand j'avais réalisé quelque chose. Et j'avais foncé dehors, pour chercher de l'aide. N'importe qui. C'était peut-être mon téléphone qui ne fonctionnait pas. Alors je devais trouver quelqu'un ou un téléphone... Il fallait que j'appelle, Tom, la résistance, la police... N'importe qui dans ces trois propositions.

Je ne croisais personne dans l'immeuble, mais ça n'était pas surprenant. Mais dans la rue... La rue était vide, il faisait nuit, mais pas encore nuit noire. Je n'étais pas sûre de l'heure qu'il était. Mais il devrait encore y avoir des passants, des voitures, non ?

J'entendais un bruit, fort, comme un klaxonne ou...

Je me redressait subitement dans le lit, en sueur, le réveil sur mon téléphone bipant toujours. Il m'avait fallu quelques instants pour réaliser ou je me trouvais. Dans ma chambre, à l'Athena.

« Jace... » Soufflais-je, réalisant qu'il allait bien. Ça n'était qu'un cauchemar. Un affreux et qui paraissait réel, mais... ça ne l'était pas.